Depuis la mort de Yasser Arafat, il y a eu de nombreuses discussions sur la reprise du processus d’Oslo, mais en fait, Oslo, qui se fonde sur une séparation ethnique entre juifs et arabes en deux États, a renforcé le conflit plutôt qu’elle ne l’a réglé. Ce qui est nécessaire aujourd’hui, ce n’est pas la séparation, c’est l’intégration des Israéliens et des Palestiniens dans un État commun. Paradoxalement, c’est la stratégie israélienne de séparation qui a mis fin à toute possibilité d’une solution des deux États.
Aujourd’hui, Gaza est la plus grande prison du monde et le plan de désengagement et la disparition des colonies n’y changera rien. Le mur en Cisjordanie obéit à la même logique. Quand il sera fini, des centaines de milliers de Palestiniens seront séparés dans des douzaines d’enclaves dont les points d’accès seront sous contrôle israélien. En fait, les résidents palestiniens de Cisjordanie sont déjà incarcérés. Pour créer ces enclaves, il a fallu détruire les champs ou les oliveraies qui auraient permis l’émergence d’un État palestinien indépendant. Ce mur illégal annexe près de la moitié des terres arables et les deux tiers des ressources en eau. Dans ces conditions, un État palestinien ne peut pas naître.
Mais les objections à la solution des deux États ne sont pas que pragmatiques. En cas de séparation, que deviennent les citoyens israéliens arabes qui n’ont qu’une citoyenneté limitée ? Les négociations d’Oslo ont négligé ce problème. Autre problème : depuis 2000 et l’offre d’un État palestinien sans souveraineté réelle par Bill Clinton et Ehud Barak, la population dans les colonies a doublé. La vraie question dans ces conditions est : quand la logique anachronique de séparation ethnique va-t-elle disparaître ?
Israël et les territoires palestiniens sont déjà de fait une entité unique. Des gens comme Azmi Bishara, feu Edward Saïd, Meron Benvenisti ou Ilan Pappé ont appelé à fonder la paix sur cette réalité. Il faut construire un État démocratique, laïque et uni.
« In the Wake of Arafat, Will the Two-State Solution Survive ? », par Saree Makdisi, Los Angeles Times, 21 novembre 2004.
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