De nombreux analystes adoptent le slogan israélien : « la mort de Yasser Arafat offre une opportunité pour la relance du processus de paix ». Ils espèrent ainsi prendre le gouvernement Sharon à son propre piège, lui qui affirmait qu’Arafat bloquait le processus de paix. Cependant, ceux qui s’expriment ainsi, comme Javier Solana et James Baker aujourd’hui, avalisent la rhétorique israélienne.
La majorité des analystes qui abordent l’avenir de la Palestine reprennent à leur compte le slogan israélien selon lequel « la mort de Yasser Arafat offre une opportunité pour la relance du processus de paix ». L’on comprend aisément que des diplomates se prêtent à ce jeu en espérant prendre l’administration Sharon à son propre piège : puisque vous prétendiez qu’Arafat vous empêchait de conclure la paix, sa mort vous prive de votre seule excuse. Cependant cette manière de s’exprimer avalise la rhétorique israélienne, ce qui ne peut constituer le point de départ d’une médiation.
Ainsi Javier Solana, ancien secrétaire général de l’OTAN et actuel secrétaire général de l’Union européenne, assure aux lecteurs argentins de Clarin qu’il se rend à Gaza pour mettre à profit cette « opportunité » (anglicisme pour « occasion »).
Beaucoup plus subtil, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, rappelle aux lecteurs israéliens de Ha’aretz que leurs deux pays ont noué des relations diplomatiques lorsqu’ils sont devenus des démocraties. Une manière délicate de signifier qu’aux yeux de l’Espagne, Israël était une démocratie à l’époque de Peres et Rabin (et éventuellement de Barak), ni avant, ni aujourd’hui.
James Baker III, quant à lui, se préoccupe exclusivement de stabiliser la région pour garantir un accès facile à son pétrole. De ce point de vue, les États-Unis auraient intérêt à imposer rapidement la solution à deux États, conclut-il dans le New York Times. Cependant, M. Baker, qui fréquente plus les palais que les peuples, ne semble pas mesurer que ce projet, imaginé par Arafat lors des Accords d’Oslo, est aujourd’hui dépassé.
Le complexe militaro-industriel s’inquiète de ne plus maîtriser le discours des néo-conservateurs à propos d’une « nécessaire » expédition en Iran.
Borut Grgic de l’Atlantic Council affirme, dans l’International Herald Tribune, que si l’objectif est d’empêcher une dictature de détenir l’arme nucléaire, au vu des accords sino-iraniens, il est plus facile de démocratiser l’Iran que de le dénucléariser.
Dans le même quotidien, James Dobbins de la Rand Corporation exprime son exaspération face à la politique hésitante de Washington. Aucune action concrète n’est conduite pour contraindre Téhéran à dénucléariser. Les sanctions économiques ont déjà été prises (et les nouveaux accords sino-iraniens rendent caduques par avance des sanctions onusiennes). Il convient donc de cesser les menaces et, au contraire, de négocier pour utiliser l’influence des mollahs en Irak.
Michael Hoffman, président d’une association de vétérans contre la guerre en Irak, note dans le Guardian qu’il ne peut condamner son ex-collègue qui a abattu un Irakien sans défense devant une caméra de télévision. Nul ne connaît le contexte immédiat de l’événement et ne peut donc juger de la responsabilité du Marine. Mais, tous connaissent le contexte général d’une guerre pour le pétrole et peuvent donc juger la responsabilité de ses commanditaires.
Enfin, Jeffrey D. Sachs, conseiller du secrétaire général de l’ONU, observe dans le Daily Star et le Taipei Times que la presse états-unienne n’a pas accordé d’écho à l’étude du Lancet montrant que la première année de guerre avait fait au moins 100 000 morts civils. Tout se passe comme si les pertes civiles irakiennes n’avaient aucune importance pour les États-uniens.
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