Le 21 janvier 1919, les 35 000 ouvriers du port de Seattle et des arsenaux se mettent en grève pour protester contre la baisse prévue des salaires, aggravée par l’inflation. L’union des employeurs laisse pourrir le mouvement et procède au « lock-out » des grévistes du port. Par solidarité, les ouvriers des autres usines de Seattle se mettent progressivement en grève : le 5 février, plus de 100 000 ouvriers ont cessé le travail. Pendant une semaine, les grévistes occupent la mairie et organisent la vie dans la ville : magasins coopératifs, marchés ouvriers, journal autogéré, minoteries et boulangeries collectivisées, mutualisation des caisses de grève, service d’ordre ouvrier, éclairage public...). Mais quand le syndicat I.W.W. annonce la création d’un « comité ouvrier et marin de Seattle », sur le modèle des soviet en URSS, les autres syndicats prennent peur et négocient une sortie. Le 11 février, la grève est terminée. Le 18, les « meneurs communistes et anarchistes » sont jetés en prison... mais les structures mises en place pendant la grève perdureront jusque dans les années 1970.