Le secrétaire général de la présidence de la République française, Claude Guéant, a déclaré à l’antenne d’une des quatre radios de la communauté juive française qu’une étude était en cours en vue d’interdire Dieudonné M’bala M’bala de présenter une liste anti-sioniste aux élections européennes en Île-de-France.

L’humoriste Dieudonné mène un double combat contre le racisme et pour la démocratie qui l’a conduit aussi bien à se présenter contre le Front national pour dénoncer son discours post-colonial d’exclusion (1997), qu’à fréquenter le président du Front national pour dénoncer sa diabolisation (2007). Multipliant les provocations, il n’a cessé de ridiculiser les préjugés racistes en France et l’apartheid en Palestine. Il est devenu de bon ton, dans les médias, de qualifier ses sketches « d’inacceptables », en faisant mine de croire que son anti-sionisme revendiqué serait une forme masquée d’antisémitisme. Confondant le réel et son image, on lui reproche ses excès, alors que ceux-ci forment le corps de sa satire. Au demeurant, Dieudonné n’est ni un politicien professionnel maniant la « langue de bois », ni un chansonnier caricaturant la vie politique pour distraire le public, mais un artiste pointant sans précautions les contradictions de la société à la manière d’un Dario Fo.

Juridiquement, il est peu probable qu’une interdiction puisse être prononcée à cinq semaines du scrutin. Cependant, l’affichage de cette intention est révélatrice de la situation des libertés en France.

Photo : Dieudonné à la conférence Axis for Peace 2005 du Réseau Voltaire.