A la veille de l’ouverture d’une fenêtre d’opportunité, il est temps d’expliquer clairement au public israélien la signification à long terme d’un échec ou d’un succès pour les deux parties en présence lors des négociations.
Le débat israélien sur les solutions au conflit divise la société en deux grands pôles. L’un de ces pôles est soutenu par la majorité de la population et se fonde sur la solution des deux États ; la taille des territoires à laisser est variable selon les personnes. L’autre pôle est celui des colons et consiste à occuper intégralement le territoire d’Israël et à espérer un départ des Palestiniens vers l’Est. Le premier groupe serait sans doute heureux de vivre dans un État israélien allant de la mer au Jourdain si on pouvait maintenir une majorité juive, un régime démocratique, la prospérité économique et être un membre de la famille des nations, mais ils savent que c’est impossible. Les colons pour leur part croient que le rêve sioniste demande du temps, que le problème démographique sera réglé par l’intervention divine et ils marquent peu d’enthousiasme pour la démocratie.
L’échec de l’alternative basée sur la partition serait la création d’un État palestinien anarchique qui exporterait ses activités criminelles et terroristes vers Israël, ce qui forcerait Israël à poursuivre son combat contre les Palestiniens parallèlement à son soutien économique à l’État palestinien. D’un autre côté, la poursuite du rêve du grand Israël entraînera nécessairement la création d’un régime d’apartheid et des pressions internationales pour y mettre fin, ce qui conduira à la fin du rêve sioniste.
L’échec du processus d’Oslo a conduit à la poursuite de la seconde alternative et à la persistance des tensions avec le monde musulman. Le prix à payer pour l’échec de l’alternative des colons est bien plus élevé que celui d’une solution des deux États. Il faut donc négocier avec Mahmoud Abbas.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« The cost of the alternatives », par Shaul Arielli, Ha’aretz, 9 février 2005.