La tendance générale

La révolution égyptienne et l’arabité

Pour la deuxième fois, la Place Tahrir, au Caire, a résonné, vendredi 25 février, de slogans à la gloire de Jérusalem, de la Palestine et de l’arabité, et les drapeaux des pays arabes, théâtres de révoltes populaires réclamant le changement, ont été brandis par la foule.

Dans ce contexte, l’arabité en tant qu’idée rassembleuse contre l’oppression et l’hégémonie impérialiste s’impose de nouveau. Et réapparait le sentiment arabe authentique de résistance contre l’occupation sioniste de la Palestine, qui a donné le signal, il y a 60 ans, d’une nouvelle ère colonialiste dans le monde arabe, reposant sur une base occidentale avancée, armée jusqu’aux dents.

D’Egypte au Yémen, en passant par la Tunisie, la Libye et Bahreïn, le citoyen arabe sait que la condition américaine pour soutenir les régimes oppresseurs et corrompus, qui ont érigé des systèmes de pillage des ressources et appauvri leurs peuples, était leur soumission totale à Israël. L’arabité, visée par les régimes assujettis à l’Occident pour imposer la soumission à Israël et l’abandon de la cause palestinienne, en remplaçant par un sentiment extrémiste d’appartenance nationale, a prouvé qu’elle est profondément ancrée dans la mémoire collective des Arabes. La jeunesse arabe a exprimé d’une manière spontanée son arabité, qui constitue un élément essentiel de sa conscience révolutionnaire.

Les chaines satellitaires arabes ont montré de nombreux Libyens, s’exprimant au sujet de leur révolution, affirmer que le pétrole présent en grande quantité sur leur terre, appartient à tous les Arabes et doit être investi pour libérer la Palestine et soutenir la résistance de son peuple au lieu de le piller et de le partager entre le régime de Kadhafi et les grandes sociétés états-uniennes, britanniques et italiennes.

La jeunesse tunisienne aussi a scandé des slogans à la gloire du Liban, de la Palestine et de l’Irak, et exigé qu’après la révolution, la Tunisie, base avancée des services de renseignement occidentaux et israéliens, soit libérée des liens états-uniens qui ont dictés sa politique étrangère pendant l’ère de Ben Ali.

Même scène à Sanaa, Aden, Bagdad, Amman et Manama, où les foules ont redonné vie à l’arabité et où cet authentique sentiment nationaliste s’est mélangé à la volonté de se libérer de l’hégémonie impérialiste à travers des revendications de changement interne qui réaliserait justice sociale et réforme politiques.

Le mouvement populaire arabe vit une nouvelle période de développement qui jette les fondements d’un éveil nationaliste lequel n’en n’est qu’à ses débuts. Dans sa lutte, la jeunesse révolutionnaire veut en même temps obtenir la justice sociale, la liberté politique, la fin de la tyrannie et de l’exploitation économique et le retour de la dignité nationale.

Les portes d’un nouvel éveil arabe sont grandes ouvertes. L’angoisse stratégique vécue par les élites politiques et militaires israéliennes en est la preuve éclatante. Israël sait pertinemment que si la réalité révolutionnaire s’ancre dans le monde arabe, il sera impossible de conclure avec les pays arabes des compromis humiliants que les Etats-Unis ont appelé « accords de paix ».

La plus grande angoisse des Israéliens reste l’éclatement d’une nouvelle guerre avec la Syrie et les mouvements de résistance, qui entrainerait la chute inévitable des derniers régimes rescapés de ce que les Etats-uniens ont appelé, un jour, « l’axe des modérés arabes ».

La tendance au Liban

Le système confessionnel bloque le changement… jusqu’à quand ?

La plupart des Libanais vivent dans des conditions sociales et économiques difficiles qui sont le résultat de la grave crise issue du système économique mis en place dès 1992 par l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et poursuivie par ses successeurs, Fouad Siniora et son fils Saad Hariri. Cette crise illustre l’incapacité des forces et des partis politiques libanais, occupés surtout par les questions relatives au positionnement du Liban dans le conflit israélo-arabe, à proposer un véritable changement. Le vieillissement des syndicats et la rigidité des programmes politiques paralysent la vie politique et font que les aspirations du peuple ne sont pas satisfaites.

 1. A l’instar des pays arabes, la population libanaise est jeune. Cette jeunesse est écrasée par les difficultés de la vie : chômage, absence de débouchés, surtout depuis que les opportunités d’emploi dans le monde arabe ont baissé, retour de milliers de diplômés du Golfe â cause de la crise économique qui frappe ces pays, crise du logement, cherté de la vie, baisse du pouvoir d’achat etc…

 2. La vague de privatisations initiée par Rafic Hariri a provoqué une flambée chaotique des prix, à cause de la mise en place de monopoles dans des domaines aussi variés que l’alimentation et les services. Le Libanais paye des sommes exorbitantes, par exemples, pour des services aussi élémentaires que l’électricité et l’eau. Il paye deux factures, l’une à l’Etat et l’autre aux fournisseurs privés (propriétaires de générateurs électriques, compagnies privées de distribution d’eau etc…). En dépit de la réduction des factures du téléphone portable, le coût du cellulaire au Liban reste l’un des plus élevés du monde, tout en étant l’un des moins performants. Enfin, les prix de l’essence et d’autres hydrocarbures sont très élevés à cause de l’importante taxe prélevée par le gouvernement.

Le désordre qui caractérise le système libanais n’épargne pas la sécurité sociale. Bien que la facture de santé s’élève à plusieurs milliards de dollars par an, la couverture médicale laisse à désirer et il est très onéreux de se faire soigner auprès des hôpitaux privés.

 3. La négligence dont sont victimes les secteurs de l’agriculture et de l’industrie, au profit du secteur bancaire et des services, ont détruit les pans productifs de l’économie. Il en a résulté un affaiblissement de la classe moyenne qui a considérablement fondu ces dernières années. Dans le même temps, le détournement des fonds publics sous l’ère Hariri a pris des proportions scandaleuse de la sorte que 11 milliards de dollars ont été dépensés ces cinq dernières années par les gouvernements de Fouad Siniora en dehors du budget et sans justificatifs, pour un pays dont le budget annuel est de 7,5 milliards de dollars.

 4. Le peu d’intérêt porté par les forces politiques libanaises à la dimension sociale découle du fait que ces partis se croient à l’abri de la colère de la population en raison des allégeances communautaires et confessionnelles qui protègent leur influence et de la forte polarisation provoquée par les tensions à causes des politiques états-uniennes déployées depuis le vote de la résolution 1559, en septembre 2004. Les ingérences des Etats-Unis, qui placent en tête de leurs préoccupations l’intérêt d’Israël, ont relégué au second plan les questions sociales, privant le peuple libanais de la chance d’améliorer ses conditions de vie et empêchant l’émergence d’un véritable programme de changement.

En dépit des clivages communautaires et confessionnels, les difficultés socio-économiques grandissantes vont pousser les Libanais à se rebeller contre les structures politiques traditionnelles et l’on voit se former un discours populaire proche de celui qui est en vigueur dans des pays comme la Tunisie et l’Egypte. L’éveil des Libanais risque de balayer le système archaïque en place depuis l’indépendance et dont les caciques se croient à l’abri derrière leurs forteresses communautaires et confessionnelles.

Déclarations et prises de positions

Saad Hariri, premier ministre sortant
« Un partenariat national signifie la participation de l’ensemble des Libanais dans toutes les affaires, sans qu’aucune partie n’en soit exclue et sans que cette participation se limite à certains sujets comme le laissent entendre certains aujourd’hui. Certains veulent une participation à tous les niveaux tout en monopolisant la question des armes sous prétexte de la résistance à Israël. Lorsque les circonstances l’exigent, ils se retournent vers l’intérieur comme cela s’est passé en mai 2008. Que personne ne fasse de la surenchère sur la question de la résistance, comme le laissent entendre certaines voix. Nous avons proclamé à plus d’une reprise que nous effectuons une distinction entre les armes de la résistance à Israël et les armes utilisées dans le conflit politique interne. Nous tenons à rappeler que Rafic Hariri était le premier à avoir protégé la résistance et à la légitimer face à l’ennemi israélien. Lorsque nous prendrons part à la table de dialogue, toutes ces questions seront claires, nettes et précises. »

Michel Aoun, principal leader chrétien libanais, allié du Hezbollah
« Je refuse catégoriquement qu’on vienne me dire : nous ne pouvons pas vous donner telle ou telle chose, que mes interlocuteurs soient des individus ou des États. Ce qui s’est passé en 2008 et 2009 était pratiquement une opération de spoliation de nos droits. Michel Sleiman a pris le premier poste, c’est-à-dire la présidence de la République, et les ministères régaliens. Le résultat était que nous étions poussés hors du pouvoir de décision. Désormais, cela ne se passera plus comme cela. Il ne s’agit pas de charité, mais des droits. Sur la base de la loi, je peux imposer mon point de vue à tout le monde. Et la dernière personne de la République est en mesure de me faire taire par le biais de la loi. Si le chef de l’Etat est d’accord avec moi, il n’a pas besoin de ministres à lui. Et s’il n’est pas d’accord avec moi, pourquoi devrais-je lui céder de ma part ? Rien ne le dit dans la Constitution. Si l’on souhaite lui donner des ministres, alors qu’on modifie la Constitution dans ce sens. J’en serais enchanté. On me dit qu’il est en mesure de refuser de signer le décret de formation du gouvernement. Comment cela ? S’agirait-il d’une simple formalité officielle ? Si la Constitution est respectée dans la formation du cabinet, il est tenu d’en signer le décret. Il y a des choses qui ont montré qu’il n’est pas consensuel et qu’il aspire à un rôle politique. Il devrait dès lors avoir un discours politique clair et former un parti politique. Cela n’a rien de honteux. Il était venu sur une base consensuelle et s’il veut gouverner, il doit le faire en se fondant sur un texte constitutionnel. »

Wiam Wahhab, responsable druze, allié du Hezbollah
« Je crois que le chef de l’Etat est lié à une ligne politique bien déterminée et je ne vois pas comment il pourrait persévérer dans cette voie dans le contexte libanais actuel. Il faut qu’il réfléchisse méticuleusement à cette nouvelle réalité. C’est le conseil que je lui donne et je souhaite qu’il entende les conseils. Nous demandons au Premier ministre désigné de hâter la formation du gouvernement et de procéder rapidement à des changements administratifs car nous craignons que certains services à Baabda ne soient en train de trafiquer quelque chose secrètement en coordination avec des milieux à l’étranger. Nous voulons de M. Mikati qu’il nous propose une formation claire, maintenant qu’il est apparu que le camp adverse ne compte pas participer au gouvernement, ayant reçu des ordres de l’étranger dans ce sens. Nous nous opposerons à tout gouvernement qui ne s’engagerait pas sur la voie d’un changement global dans l’administration et les institutions et qui n’aurait pas de programme. »

John McCain, sénateur républicain états-unien
« Nous avons tenu une réunion importante avec le Premier ministre désigné, Najib Mikati, qui nous a mis au courant du climat positif entourant la formation du nouveau gouvernement que mérite le Liban. Cela est très important en dépit de l’existence de nombreux obstacles. Nous sommes heureux de voir le processus démocratique en marche au Liban et nous regrettons le fait qu’au Machreq et au Maghreb arabes, le changement ne survient que par la violence. Nous avons émis le souhait auprès de M. Mikati d’un gouvernement représentant toutes les parties libanaises et conforme aux dispositions de la Constitution. Nous savons qu’il y a la question du tribunal international et du comportement du prochain gouvernement à cet égard. Nous en avons discuté avec M. Mikati et je suis heureux des éclaircissements donnés par lui à ce sujet. »

Joseph Lieberman, sénateur républicain états-unien
« Les Américains, qu’ils soient républicains ou démocrates, sous l’administration de George W. Bush ou sous celle de Barack Obama, sont en faveur du tribunal international en tant qu’institution relevant du droit international et dont il faut respecter les décisions. Nous attendrons les développements au Liban et nous espérons que les relations bilatérales seront consolidées. Notre position sera définie à la lumière de l’attitude du gouvernement sur le dossier du tribunal et sur celui des armes du Hezbollah. Comme vous le savez, le département d’État américain a classé le Hezbollah dans la catégorie des organisations terroristes et la politique étrangère des États-Unis est liée à ce classement. Le rôle du Hezbollah au sein du gouvernement influerait donc sur les rapports libano-américains. Cependant, c’est le peuple libanais qui décide de son gouvernement et la décision finale sur les questions que j’ai mentionnées sera prise à la lumière des développements qui suivront la parution de l’acte d’accusation du TSL et de l’attitude du gouvernement libanais à l’égard de cet acte. »

Samir Geagea, chef chrétien allié de Saad Hariri
« Il est erroné de penser que les soulèvements populaires dans le monde arabe affaibliront le camp arabe modéré. Bien au contraire, ces bouleversements pourront renforcer le camp arabe libre car ils ne manqueront pas d’insuffler un sang neuf au niveau du pouvoir et de mettre en place des régimes plus stables car fondés sur des bases plus saines, plus rationnelles, plus transparentes, plus démocratiques, ce qui ne manquera pas d’avoir des effets bénéfiques. Je ne pense pas que ces soulèvements populaires auront pour effet de renforcer considérablement les mouvements islamistes. À titre d’exemple, les Frères musulmans en Égypte ont déjà annoncé qu’ils ne présenteront pas de candidat à la présidentielle, ce qui signifie qu’ils sont conscients du fait qu’ils ne sont pas en mesure d’enregistrer un bon score. Donc, à mon avis, nous allons assister à l’émergence de pouvoirs plus démocratiques. Les islamistes pourront sans doute être associés au pouvoir, mais d’une manière globale, les régimes seront plus démocratiques. Dans l’immédiat, il n’y a pas d’impact perceptible au Liban, malgré le triomphalisme, injustifié, dont fait preuve à cet égard le 8-Mars. Par contre, à moyen et long terme, je prévois un impact positif sur la révolution du Cèdre. Force est de relever, en effet, que le Hezbollah est un parti totalitaire, et les soulèvements auxquels nous avons assisté sont à l’antipode du totalitarisme. Ce sont des mouvements qui ont revêtu un caractère libéral et démocratique, et ils sont donc l’antithèse de la nature totalitaire du Hezbollah et du régime syrien. »

Communiqué du Conseil supérieur chiite (CSC)
« Le CSC se prononce pour la formation rapide d’un gouvernement national dont la déclaration ministérielle devrait réaffirmer les constantes nationales en ce qui concerne la complémentarité entre l’armée, le peuple et la Résistance, de manière à préserver la stabilité et la souveraineté du Liban, ce gouvernement devant avoir aussi comme objectif prioritaire les préoccupations de la population sur le plan socio-économique. Le CSC estime que le Tribunal spécial pour le Liban, qui a perdu toute légitimité constitutionnelle et nationale, est devenu un instrument de règlement de comptes politiques, au lieu de dévoiler la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri. Les fuites portant sur l’acte d’accusation, connu à l’avance, ainsi que les faits confirmés se rapportant au dossier des faux témoins prouvent que le tribunal est politisé et qu’il vise le Liban et la résistance (le Hezbollah). Le CSC estime que le tribunal est caduc. Il appelle au refus de toute collaboration avec cette instance du fait qu’elle bafoue l’État, la Constitution et le peuple. La recrudescence des menaces israéliennes et la poursuite des violations israéliennes de la souveraineté libanaise illustrent le fait que le Liban reste dans le collimateur sioniste, ce qui implique que les Libanais doivent demeurer attachés à l’équation armée-peuple-résistance qui a prouvé son efficacité au niveau de la protection du Liban ».

Presse

Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 25 février 2011)
Nicolas Nassif
Le gouvernement de Najib Mikati ne verra pas le jour avant le 14 mars. Plusieurs raisons poussent le Premier ministre désigné et la coalition du 8-Mars à prendre leur temps. Ils préfèrent que la minorité parlementaire, lors de la commémoration du 14 mars, brandisse les slogans du TSL et des armes du Hezbollah plutôt que de celui du gouvernement monochrome.
Des sources bien au fait de la relation entre le Hezbollah et Mikati attribuent le froid qui pèse sur cette relation à plusieurs facteurs dont les suivants : La lenteur du dialogue entre Mikati et le général Michel Aoun, qui n’a toujours rien donné de concret ; Mikati n’a toujours pas établi clairement les grandes lignes de son équipe ministérielle ; il n’a toujours pas donné à la nouvelle majorité d’engagement clair concernant la représentation de l’opposition sunnite au gouvernement ; le Hezbollah considère qu’il a avec Mikati une entente implicite au sujet du TSL, qui tient compte des raisons ayant entraîné le renversement du gouvernement de Saad Hariri.
Malgré le froid qui pèse sur leurs relations, le Hezbollah tient toujours à assurer à Mikati le soutien qu’il lui demande pour accélérer la formation de son gouvernement. Toutefois, pour le Hezbollah, l’insistance de Mikati à rallier le 14-Mars à son cabinet est due à des conseils prodigués par les ambassadeurs de certaines grandes puissances, qui n’ont pas vu d’un bon œil la mise à l’écart de la nouvelle minorité.

Al Akhbar (24 février 2011)
Personne ne semble pressé de former le nouveau gouvernement. Ni au Liban, ni en Syrie. Des personnalités proches du Premier ministre désigné Najib Mikati ou des forces du 8-Mars, qui ont visité Damas dernièrement, répètent que la Syrie ne souhaite pas intervenir dans la mise en place du gouvernement. Des parties bien au fait de la politique syrienne expliquent que Damas n’est pas pressé de voir le gouvernement libanais prendre vie. Car, expliquent-elles, la Syrie attend quelque chose de la part de l’Arabie saoudite, de la France ou même des Etats-Unis « à moins qu’un imprévu ne vienne pousser la Syrie à hâter la formation du gouvernement, comme lorsqu’on demanda aux ministres du 8-Mars de démissionner rapidement du gouvernement » précédent. D’autant plus que les responsables syriens suivent de près l’actualité régionale, et considèrent que la Syrie a le vent en poupe après les derniers développements dans le monde arabe.

Al Akhbar (23 février 2011)
Un responsable du TSL a confirmé des informations qui avaient circulé au début de l’automne, selon lesquelles le nom d’un témoin-roi a été retiré de l’acte d’accusation. Il s’agit d’un ancien responsable des Gardiens de la révolution en Iran, dont le nom a été rayé de peur que son statut d’agent du Mossad israélien ne soit démasqué. Le nom d’un témoin-roi a été retiré du texte de l’acte d’accusation, alors qu’il s’agissait d’une des preuves irréfutables adoptées par le procureur général du TSL, pour accuser des dirigeants iraniens avec des membres du Hezbollah d’être impliqués dans l’assassinat de Rafic Hariri. Le nom du témoin-roi, Ali A. (Il s’agit de l’ancien vice-ministre de la Défense, Ali Asghari, disparu en 2006 en Turquie, Ndlr.), a donc été retiré de peur que son vrai dossier ne soit révélé au grand jour : il était en effet un agent double du Mossad israélien.

Al Akhbar (23 février 2011)
Saad Hariri ne s’est pas rendu dernièrement en France mais bien au Maroc, où il a rencontré des émissaires saoudiens, qui lui ont fait part du profond mécontentement du royaume après le discours qu’il a prononcé à l’occasion de la commémoration de l’assassinat de son père. D’autant qu’il a de nouveau ouvert la porte à une escalade sectaire sunnito-chiite, au moment où une telle escalade menace aujourd’hui l’Arabie saoudite elle-même. Ces reproches portent notamment sur ses déclarations selon lesquelles les négociations syro-saoudiennes sont mortes et enterrées : Saad Hariri a pris l’initiative de se poser en porte-parole officiel du royaume, chargé de surcroît de proclamer l’hostilité entre ce dernier et la Syrie –ce qui n’a pas été pour plaire aux autorités officielles en Arabie saoudite, qui ont convoqué Saad Hariri pour le lui dire. Ceci ne changera rien à la donne intérieure libanaise, d’autant que Hariri ne prête l’oreille qu’à une seule partie : les Etats-Unis et leurs représentants en Arabie saoudite. Il semblerait d’ailleurs que Jeffrey Feltman accélère les pas pour faire aboutir son projet, qui s’en prend, via le TSL et son acte d’accusation, à la Résistance au Liban, en Syrie et en Iran.

An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars, 25 février 2011)
Abdel Karim Abou Nasr
Les efforts arabes pour parvenir à sceller la réconciliation nationale entre les parties libanaises se sont écroulés suite à la collision entre « le projet saoudien » et le « projet syrien », ce qui a entraîné dans la foulée la chute du gouvernement du président Saad Hariri. Le roi Abdallah Ben Abdel Aziz a cherché, depuis le mois de juillet dernier, à mettre au point un projet global relatif à une réconciliation nationale au Liban en coopération avec le président syrien Bachar el-Assad. Toutefois, ces efforts sont partis en fumée du fait que le président syrien a voulu profiter de sa réconciliation avec le roi Abdallah et de son dialogue avec lui pour réaliser les objectifs syriens au Liban, renforcer son influence et celle de ses alliés, et paralyser le TSL.

An Nahar (25 février 2011)
Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, a déclaré depuis Washington avoir obtenu des assurances selon lesquelles le secteur bancaire libanais n’est nullement visé, et aucune autre banque libanaise ne fera l’objet du même traitement que la banque libano-canadienne. A ce propos, il a rapporté avoir convenu avec les responsables états-uniens d’établir le cadre pour un règlement de ce dossier dans un esprit positif. Les pourtours de ce cadre devraient commencer à apparaître graduellement dès la semaine prochaine.

L’Orient-Le Jour (Quotidien libanais francophone proche du 14-Mars, 25 février 2011)
Sylviane Zehil
Évoquant les événements politiques au Liban, Robert H. Serry, coordonnateur spécial pour le processus de paix au Proche-Orient, a rappelé leur chronologie en mentionnant clairement la position du secrétaire général. Le diplomate onusien a indiqué que « l’effondrement du gouvernement » survenu le 12 janvier dernier a accentué la tension politique dans le pays, ce qui avait abouti à une série de manifestations d’appui au Premier ministre sortant Saad Hariri, principalement à Tripoli et dans certaines parties de Beyrouth. Le diplomate onusien a rappelé qu’à cette occasion le secrétaire général de l’ONU « s’était félicité de la déclaration de ce dernier et avait lui-même appelé toutes les parties à maintenir le calme et à éviter tout acte de violence ». Et d’ajouter : « Au nom du secrétaire général, nous voudrions exprimer l’espoir que le nouveau gouvernement saura répondre aux aspirations de tous les Libanais et entendra leur appel à se conformer à toutes les obligations que le Liban a entreprises. » Rappelant le rassemblement politique du 14 février, jour de la sixième commémoration de l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, Robert H. Serry a souligné qu’à cette occasion le secrétaire général avait également publié une déclaration dans laquelle il avait réaffirmé l’engagement de l’ONU aux efforts du Tribunal spécial pour le Liban. Pour ce qui est des réfugiés palestiniens au Liban, Robert H. Serry a noté que le 22 février, le ministre du Travail a signé un décret administratif régissant la mise en œuvre des modifications du droit du travail, approuvées par le Parlement en août 2010. « Ce qui représente une étape importante et positive qui contribuera à l’amélioration des conditions de vie des réfugiés palestiniens », a-t-il dit.

Al Hayat (Quotidien saoudien, 24 février 2011)
Randa Takieddine
Le neveu du Premier ministre désigné pour former le gouvernement libanais, Azmi Mikati, a effectué en France des entretiens avec des responsables de l’Elysée et du Quai d’Orsay, pour solliciter le soutien de la communauté internationale à son oncle et à son gouvernement, rapportent des sources françaises à Al Hayat. Azmi Mikati a assuré que son oncle « est venu sauver le Liban, car lorsque la nouvelle majorité était sur le point de nommer le président Omar Karamé, un milliard de dollars a été retiré des banques libanaises de peur que Karamé n’accède à ce poste ».
Azmi Mikati a en outre rejeté la responsabilité de l’échec de l’initiative saoudo-syrienne sur le Premier ministre sortant Saad Hariri, qu’il a rendu également responsable de l’échec du gouvernement. Il a par ailleurs assuré à ses interlocuteurs que Hariri « a perdu la confiance d’une grande partie de la communauté sunnite, et a commis une erreur en poussant des groupes du Akkar à incendier Tripoli ». Selon lui, le président Najib Mikati est « une personnalité indépendante, même s’il est lié par une grande amitié avec la Syrie, et il est venu sauver le Liban par un gouvernement constitutionnel. Faute de quoi, l’alternative aurait été un nouveau 7 mai (épreuve de force entre les deux camps libanais Ndlr.) ». Le Premier ministre désigné, a-t-il également indiqué, n’a rien promis au Hezbollah.
S’agissant du TSL, Azmi Mikati a affirmé que Saad Hariri avait approuvé les trois points suivants : suspendre le financement du tribunal, retirer les magistrats libanais, et arrêter toute coopération avec le TSL : « Pourquoi la communauté internationale se demande-t-elle donc ce que Mikati a l’intention de faire ? » Azmi Mikati a indiqué que le dossier du TSL « sera réglé dans le cadre d’un dialogue national entre toutes les parties ».

As Safir (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 25 février 2011)
Le député Walid Joumblatt a mis en garde, lors d’un entretien avec la LBC, contre une possible utilisation par les Etats-Unis de toutes sortes d’armes, du TSL jusqu’aux pressions sur l’économie et les banques, pour faire plier les Libanais. Selon lui, les deux élus du Congrès US qui ont visité le Liban dernièrement lui ont révélé la formule de l’acte d’accusation qui met en cause le Hezbollah. Pour sa part, il a dénoncé cette logique, d’autant plus que le TSL repose sur des faux témoins et sur la vente d’informations.
Après avoir réitéré que le Premier ministre sortant Saad Hariri avait approuvé l’entente saoudo-syrienne, il a été interrogé à propos du discours de Hariri au BIEL lors de la commémoration de l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri. « Il nous a accusés de trahison (…) mais le lendemain, son conseiller le plus proche, Ghattas Khoury, m’a contacté pour me dire qu’il ne faisait pas référence à moi. Le soir même, j’ai rendu visite à Nagib Mikati, qui m’a dit qu’on lui avait assuré qu’il n’était pas visé non plus. C’est un jeu d’enfants. Ces qualificatifs nous blessent. Serions-nous des traîtres juste parce que nous avons évité la discorde ? », s’est-il demandé.
En réponse à une question sur sa relation avec l’Arabie saoudite, il a indiqué que le ministre Ghazi Aridi a reçu un appel téléphonique du prince Mokren Ben Abdel Aziz l’informant de la décision du roi Abdallah de rompre toute relation avec Joumblatt

New York Times (Quotidien états-unien, 21 février 2011)
La Syrie est passée à une étape supérieure. Après s’être contenté d’exhorter le Premier ministre désigné Najib Mikati à accélérer le processus de formation du cabinet, le régime syrien pourrait entrer dans la danse pour faciliter activement sa mission. Les dirigeants syriens ont commencé à essayer de résoudre le différend qui retarde la formation du nouveau cabinet « entre ses anciens et nouveaux alliés, et entre le président Michel Sleiman et le chef du CPL, le député Michel Aoun », explique des visiteurs réguliers de Damas. Et c’est sur le ministère de l’Intérieur que la Syrie devrait axer sa médiation. Les visiteurs attribuent cette nouvelle approche syrienne à sa « décision de faire face à la communauté internationale. Damas aurait ainsi demandé à ses amis, en particulier le président Nabih Berry, de rechercher des solutions qui permettraient de préserver ses bonnes relations avec Sleiman et Aoun, ont ajouté les sources. Bien qu’il ait nié à parler de la formation du gouvernement, le leader du PSP, Walid Joumblatt, était la semaine dernière à Damas pour y rencontrer l’un des conseillers spéciaux du président syrien, le général Mohammad Nassif.

Jérusalem Post (Journal israélien, 21 février 2011)
« Pour des raisons qui m’échappent, aucun média ne s’intéresse au pays de la région où la plus dangereuse des révolutions a déjà eu lieu. Pour la première fois dans l’histoire du Liban, un groupe terroriste extrémiste et violent s’est accaparé le Parlement et le gouvernement sans qu’un seul coup de feu n’ait été tiré. Et le monde exprime là sa profonde indifférence, écrit Tzachi Hanegbi ancien ministre israélien, membre du parti Kadima. C’est vrai, il n’y a pas de pneus brûlés, ni de pancarte à l’effigie d’un Saad Hariri la corde au cou, encore moins de scènes d’anarchie ou l’expression d’un malaise. D’un camp pragmatique à un camp radical, le Liban a accompli un alarmant retour en arrière. Alors qu’en Egypte et en Tunisie, l’avenir politique semble incertain, celui du Liban ne souffre d’aucun doute. Le nouveau premier ministre, Najib Mikati a été nommée parce que le Hezbollah l’a décidé. Il va d’abord s’atteler à empêcher le TSL d’arrêter les membres du Hezbollah qui seront accusés de l’assassinat de Rafic Hariri. Ensuite, détruire les obstacles placés par Saad Hariri qui entravent le trafic d’armes entre la Syrie et le Sud-Liban aux frontières terrestres, maritimes et aéroportuaires. L’Armée sera entraînée à contrebalancer les missions de la FINUL. Le Hezbollah en profitera alors pour renforcer la quote-part de la communauté chiite, marginalisée depuis des décennies, au sein du pouvoir et ce, au détriment de ses rivaux chrétiens.

La tendance dans le monde arabe

La révolte de la base du Fatah

Le vent de la révolution qui souffle sur le monde arabe effraie l’Autorité palestinienne. Taraudé par les cauchemars depuis la chute de Hosni Moubatak, le président Mahmoud Abbas suit avec grand intérêt les tentatives de Washington de garantir une place aux rescapés de l’ancien régime égyptien dans la nouvelle équation politique en gestation dans le pays, à travers les généraux de l’armée et les amis d’Omar Sleiman, père spirituel de l’Autorité et des partisans des accords d’Oslo à l’intérieur du mouvement Fatah.

Le changement en Egypte est tributaire du bras de fer qui se poursuit entre le mouvement populaire et révolutionnaire d’un côté, l’aile de droite de l’élite politique traditionnelle et les généraux de l’armée de l’autre. Les premiers font preuve d’un esprit offensif, d’une clarté dans leur vision et d’une grande détermination, qui se sont illustré lors des revendications avancée lors de la grande mobilisation du « vendredi du salut », le 25 février : expulsion de Hosni Moubarak, démission du gouvernement d’Ahmad Chafic, désignation d’une assemblée constitutive et d’un gouvernement provisoire pour rédiger une nouvelle Constitution. Plus encore, la nature profondément démocratique de la révolution égyptienne s’est traduite dans les appels à l’application du principe de l’élection même dans les institutions religieuses musulmanes et chrétiennes.

Face à la pression populaire, le Conseil suprême militaire jette du lest. Et si l’abolition de l’accord de Camp David avec Israël n’est pas à l’ordre du jour –même si elle n’est pas impossible–, une révision de la politique de l’Egypte concernant la cause palestinienne est tout à fait envisageable.

Quoi qu’il en soit, l’Autorité palestinienne ne pourra pas s’appuyer sur un rôle offensif égyptien dans les mois à venir car le Caire sera occupé à la refondation du pouvoir.

Dans le même temps, les Etats-Unis ne sont pas en mesure de prendre une quelconque initiative pour relancer le processus de paix. Washington a plié devant la volonté d’Israël et n’a pas même pas aidé Mahmoud Abbas à sauver la face en opposant son véto contre un projet de résolution condamnant la colonisation israélienne et en menaçant Abbas s’il récidivait. Les révolutions dans le monde arabe ont bouleversé les agendas des Etats-Unis surtout que les enjeux sont plus importants que l’Autorité de Ramallah et concernent l’avenir de l’Irak, de l’Arabie saoudite, de Bahreïn, de la Jordanie et du Yémen.

Les indices montrent que les Etats-Unis vont se replier et se plier davantage aux exigences d’Israël et du lobby sioniste, surtout que le président Barack Obama va bientôt entamer sa campagne électorale pour un second mandat.

Les Etats-uniens n’ont rien à offrir à Mahmoud Abbas pour le sortir de sa situation inconfortable, pas plus d’ailleurs que les pays de l’« axe modéré », occupés à sauver leur peau. Aussi, Abou Mazen remet-il sur le tapis la question de la réconciliation avec le Hamas, tout en manœuvrant verbalement, car il sait pertinemment que la condition sine qua non pour la réconciliation c’est la reconnaissance du rôle de la Résistance et l’abandon de son discours condamnant la lutte armée.

Le Hamas a peut-être commis de nombreuses erreurs qui ont permis à Mahmoud Abbas de trouver une protection auprès du Fatah. Mais les indices en provenance de Cisjordanie, de Gaza, des territoires de 1948 et de la diaspora palestinienne assurent que les Palestiniens ne croient plus aux illusions du « processus de paix » et que les rangs du Fatah bouillonnent et souhaitent revenir aux principes fondateurs du mouvement qui a lancé la lutte armée du peuple palestinien.

La période à venir sera porteuse de mauvaises nouvelles pour Mahmoud Abbas qui, s’il s’entête à défendre ses options passées, ne trouvera plus de protection même auprès du mouvement Fatah.

Evénement

Libye
Les forces de Mouammar Kadhafi semblaient avoir encore perdu du terrain dimanche en Libye mais le dirigeant libyen a une nouvelle fois exclu de se retirer. Mouammar Kadhafi a assuré que la Libye était calme et que seuls quelques groupes de rebelles tentaient de semer le désordre. Dans une interview à une chaîne de télévision serbe, il a en outre jugé nulles les sanctions prises à son encontre la nuit précédente par le Conseil de sécurité des Nations unies. Des opposants ont annoncé la création à Benghazi, capitale de la Cyrénaïque et grande ville de l’est du pays, d’un Conseil national libyen qui, ont-ils souligné, n’est pas un gouvernement provisoire mais constitue la face politique du mouvement révolutionnaire. Des hommes armés opposés à Kadhafi contrôlaient dimanche Zaouiyah, à une cinquantaine de km à l’ouest de Tripoli, tandis que, selon des habitants, les forces pro-Kadhafi ont disparu de certains quartiers de la capitale. Un groupe de journalistes étrangers avait été conduit dimanche par les autorités libyennes à Zaouiyah, apparemment pour montrer que les forces fidèles à Kadhafi contrôlaient toujours la ville. Mais une fois sur place, il est apparu que la ville était aux mains des insurgés. D’après ces derniers, environ 2 000 partisans de Kadhafi ont encerclé la ville et s’apprêteraient à lancer une offensive. « Si nous nous battons pour la liberté, nous sommes prêts à mourir pour elle », a dit un ancien commandant de police ayant rallié la rébellion, qui a éclaté mi-février dans l’est du pays avant de se propager. S’exprimant sous le sceau de l’anonymat, il a souligné que 2 000 policiers avaient fait défection et se tenaient prêts à défendre la ville aux côtés des insurgés. Des militaires ont aussi changé de camp, a-t-il ajouté. Les insurgés disposent de plusieurs chars et de batteries anti-aériennes. Les murs noircis par les flammes portaient les traces de nombreux impacts de balles tandis que des carcasses de véhicules incendiés étaient abandonnées dans les rues. Au-delà du dernier barrage tenu par les rebelles, les forces fidèles à Kadhafi étaient déployées en nombre, elles aussi avec des chars et des armes anti-aériennes montées sur des pick-ups. Dans la capitale même, des habitants ont érigé des barricades de pierres et de palmiers en proclamant ouvertement leur hostilité à Mouammar Kadhafi, dont les forces de sécurité ont disparu des rues de certains quartiers. Dans l’est du pays, passé totalement aux mains de la rébellion, un général a déclaré à Reuters que ses hommes se tenaient prêts à venir en aide aux rebelles de l’Ouest. « Nos frères à Tripoli disent : ’Nous allons bien pour le moment, nous n’avons pas besoin d’aide.’ S’ils réclament de l’aide, nous sommes prêts à intervenir", a dit le général Ahmed el Gatrani, l’un des plus hauts gradés des mutins de Benghazi. Dans cette ville, un Conseil national libyen a été formé, même si sa composition et son mode de fonctionnement ne sont pas encore définitivement arrêtés.

Yémen
Plusieurs partis d’opposition ont annoncé dimanche qu’ils se joignaient aux protestataires dans leur volonté d’obtenir le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Cette annonce marque un nouveau revers pour le chef d’Etat, allié clé des Etats-Unis dans la lutte contre al-Qaïda. Samedi, deux chefs de sa propre tribu l’ont abandonné, et des centaines de milliers de personnes ont demandé son départ à l’occasion des plus importantes manifestations organisées dans le pays depuis le début de la contestation. Les grands partis d’opposition, attentistes, avaient été réticents à se joindre au mouvement. Dimanche, ils ont annoncé qu’ils allaient tenir mardi des rassemblements en signe de solidarité avec les protestataires. Dimanche, des manifestations anti-gouvernementales se sont déroulées dans plusieurs villes, dont Sanaa, la capitale, Taez et Aden. A Malla, dans l’est du pays, 18 protestataires ont été blessés dans des heurts avec les forces de l’ordre, selon des responsables des services de sécurité. Ils ont indiqué sous couvert d’anonymat que des unités militaires, appuyées par des chars, avaient été dépêchées à Aden pour aider les forces de sécurité dans leurs interventions

Tunisie
Mohamed Ghannouchi a démissionné de ses fonctions de Premier ministre en Tunisie pour faciliter la tenue d’élections censées solder l’ère Zine ben Ali. Il a été remplacé par Beji Caïd Essebsi. Ce dernier a notamment été ministre des Affaires étrangères du temps d’Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante. Des milliers de Tunisiens se sont rassemblés aux abords du parlement pour célébrer la démission de Mohamed Ghannouchi, Premier ministre depuis 1999 et perçu à ce titre comme un cacique du régime de Zine ben Ali, renversé par un soulèvement populaire le 14 janvier.

Bahreïn
Le roi de Bahreïn Hamad ben Issa Al-Khalifa a procédé à un remaniement ministériel près de deux semaines après le début de révoltes populaires qui exigent un changement de régime dans ce petit royaume. L’agence officiel BNA a annoncé que le roi a changé les attributions de cinq de ses ministres tout en les gardant au gouvernement. Le Premier ministre cheikh Khalifa ben Salman Al-Khalifa en place depuis quarante ans et cible de la colère des manifestants n’est pas touché par ce remaniement. L’opposition a par ailleurs déploré samedi l’absence de dialogue avec le gouvernement. Le dialogue national n’a pas encore commencé, ont annoncé des élus de l’opposition, qui attendent des ’clarifications’ du gouvernement.

Source
New Orient News