L’instruction relative à l’Eglise de scientologie de Lyon a permis de reconstituer les circuits internationaux de financement de la secte. L’organisation internationale de la Scientologie est financée soit par des versements directs représentant le paiement des cours de dianétique et des autres prestations de la secte, soit par un prélèvement sur les revenus perçus par ses implantations locales.

S’agissant de l’Europe, les fonds sont destinés à deux instances internationales : l’Eglise de Copenhague, centre européen de la secte, et l’organisation mère implantée aux Etats-Unis. Les sommes peuvent être versées à ces deux entités soit directement par l’adepte, notamment lorsqu’il est envoyé dans les deux pays concernés pour suivre une formation, soit par le responsable d’une association locale auquel le prix des séances est versé en mains propres (1), soit enfin par chaque mission qui reverse une partie de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis et paie à l’Eglise de Copenhague des sommes censées représenter le coût de l’achat du matériel " pédagogique " qu’elle utilise.

L’ensemble de ces transferts s’effectue soit par virement bancaire, soit par mandats lettres, soit par remise d’espèces. L’Eglise de Copenhague disposait d’un compte (intitulé compte 041) ouvert au Crédit lyonnais à Paris sur lequel étaient crédités les chèques ou les virements bancaires émis par les adeptes ou les missions. De leur côté, les sommes destinées à l’organisation mère étaient virées sur le compte " Lucas " ouvert à la Kredit Bank à Luxembourg, pour être aussitôt transférées aux Etats-Unis. Afin de faire disparaître la trace des mouvements de fonds, les adeptes sont également invités à régler leur contribution par mandats lettres, envoyés notamment au Danemark. Enfin, la secte pratique, quel que soit le niveau de l’organisation auquel on se trouve, le maniement d’espèces à grande échelle.

Il n’est pas inutile de rappeler que les fonds ainsi transférés d’Europe vers les Etats-Unis atteignent des montants considérables. L’instruction a en effet établi que 943.545.652 francs ont transité sur le compte " Lucas " de janvier 1988 à mai 1991.

Ces circuits de financement peuvent être utilisés à rebours. Les instances internationales peuvent notamment décider de renflouer les églises locales. L’apurement de la dette fiscale de l’Eglise de scientologie de Paris a été l’occasion de tractations au cours desquelles les instances internationales ont proposé d’apporter plusieurs dizaines de millions de francs.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr