Il y a beaucoup de monde à la tribune - j’espère que cela vous montre d’abord que ce défi humanitaire en Iraq concerne de nombreuses institutions du système des Nations Unies, mais cela montre également que nous travaillons en équipe et que nous faisons tout pour que toutes nos actions soient réellement bien coordonnées. Mais nous avons jugé important que vous ayez accès à toutes les institutions pour les questions spécifiques que vous pourriez avoir sur l’appel et nos activités à l’heure actuelle.

Vous vous souviendrez certainement que lorsque nous avons demandé des fonds pour permettre aux institutions humanitaires des Nations Unies de se préparer à un éventuel nouveau conflit en Iraq, nous avions indiqué qu’en cas de conflit, nous aurions à revenir pour demander plus de fonds en vue de financer les opérations de secours effectives.

Ce moment est arrivé. Comme vous le savez, la guerre fait rage depuis plus d’une semaine et l’impact humanitaire est déjà ressenti et pourrait s’aggraver dans les jours et les semaines à venir.

Mais la portée et la nature de ses besoins restent très difficiles à évaluer. Nous ne disposons actuellement que d’informations fragmentaires sur les conditions dans le pays, et naturellement, nous ne savons pas comment évolueront les combats.

Pour vous donner une idée des incertitudes, il n’y a presque pas de réfugié ou un très petit nombre au sens de personnes fuyant l’Iraq vers des pays voisins. Mais nous ne pouvons être certains que cela continuera d’être le cas. C’est pour cela que nous avons continué de fonder nos hypothèses sur un scénario intermédiaire pour pouvoir être prêts à toutes les éventualités.

Une série distincte d’incertitudes a trait à la disponibilité de fournitures et de fonds au titre du programme ’pétrole contre nourriture’. Comme vous le savez, le Conseil de sécurité doit adopter une résolution aujourd’hui, à tout moment, accordant une autorité limitée au Secrétaire général pour une période de temps limitée, afin d’adapter le programme et faire en sorte que le maximum de fournitures prévues puissent arriver au peuple iraquien, en dépit des nouvelles circonstances.

Nous ne saurons pas avec certitude quelles fournitures pourront être livrées durant la période des 45 jours stipulée dans la résolution avant d’avoir contacté les fournisseurs et connaître la destination des fournitures, leur disponibilité éventuelle, la date et le lieu de leur arrivée éventuelle en Iraq, et avec quels coûts supplémentaires. M. Sevan est ici pour répondre aux questions plus détaillées que vous pourriez avoir.

Maintenant, si ce processus montre qu’une grande quantité de vivres peut vraiment être livrée très rapidement en Iraq, le montant que nous demandons aux donateurs pour l’achat de vivres pourra être réduit. Mais même si c’est le cas, cela ne changerait pas grand chose pour les articles autres qu’alimentaires énumérés dans cet appel.

Vous avez le texte de l’appel devant les yeux. Par conséquent, je me contenterai d’en souligner très brièvement les principaux aspects

Le montant total s’élève à 2,2 milliards de dollars, somme qui selon nos estimations préliminaires sera nécessaire pour aider l’Iraq d’ici à la fin du mois d’août. Ce chiffre sera constamment actualisé, compte tenu des incertitudes dont j’ai parlé tout à l’heure.

Ce montant comprend 1,3 milliard d’aide alimentaire - une somme qui pourrait diminuer, en fonction de la quantité de vivres qui arrivera dans le cadre du programme « pétrole contre nourriture ». Notre plan est basé sur le fait que le Programme alimentaire mondial devra, dans ces six mois, prendre en charge l’alimentation de la majorité de la population iraquienne, ce qui équivaut à 430 000 tonnes de vivres par mois.

La seconde partie de l’appel couvre les besoins autres qu’alimentaires, dont l’approvisionnement des réfugiés, des personnes déplacées et des autres groupes particulièrement vulnérables, tant à l’intérieur de l’Iraq que dans les pays voisins. Parmi les tâches les plus urgentes, il faut :

  fournir de l’eau potable à la population ;

  répondre aux besoins en matière de santé et de nutrition des enfants, des mères qui allaitent, des personnes âgées et des personnes handicapées ;

  fournir des abris ;

  mener des activités de déminage ;

  effectuer les réparations d’urgence sur les infrastructures iraquiennes.

Le document indique comment ces tâches seront réparties entre les différentes institutions des Nations Unies, et donc la part de fonds qui reviendra à chacune. Il indique également que les Nations Unies travailleront en partenariat avec la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ainsi qu’avec les organisations non-gouvernementales internationales. Ces organisations ont, bien entendu, elles aussi besoin de fonds et nous espérons qu’il sera également généreusement répondu à leurs appels.

En conclusion, je voudrais faire deux remarques.

La première est que la guerre en Iraq ne diminue en rien les souffrances ou les besoins des populations touchées par d’autres situations d’urgence ailleurs dans le monde, et qui, comme le Secrétaire général l’a dit au Conseil de sécurité mercredi, suscitent peut-être moins l’intérêt des médias mais sont tout aussi dévastatrices pour les personnes directement touchées. C’est pourquoi, il est fondamental que la réponse à cet appel que nous lançons ce matin, et auquel nous espérons qu’il sera répondu de manière rapide et généreuse, vienne véritablement s’ajouter, et non se retrancher, aux efforts que les donateurs fournissent déjà au secours d’autres victimes.

Ma deuxième remarque vise à rappeler à chacun que si le personnel international des Nations Unies a temporairement été évacué d’Iraq, nous disposons toujours de plus de 3 000 personnels locaux dans ce pays. Nos institutions sont restées en contact avec eux et nous indiquent que tous ceux qui le pouvaient ont continué à fournir aide et soutien au peuple iraquien.