Ha’aretz dresse un panorama de la politique états-unienne au Proche-Orient et observe une grande circonspection des analystes de ce cette question. Le choix d’Elliot Abrams comme représentant du Conseil de sécurité nationale états-unien pour les questions du Proche-Orient a, en effet, généré dans la presse un grand nombre de portraits de ce personnage controversé, en revisitant notamment son rôle dans l’affaire Iran-Contra. Le choix de ce néo-conservateur est d’autant plus troublant qu’Abrams s’est toujours opposé à la « feuille de route », dont il voulait écarter l’Europe et les points concernant les colonies.
Dans le même temps, Frank Gaffney, fondateur et président du Center for Security Policy et porte-parole des faucons du camp néo-conservateur, annonce depuis une semaine que les États-Unis se trompent sur Mahmoud Abbas. Selon lui, la « feuille de route » ne va faire que renforcer l’impression du monde arabe que les États-Unis peuvent faire pression sur Israël, et ainsi l’affaiblir. Ce qui, toujours selon Gaffney, justifierait que les pays arabes continuent d’avoir recours au terrorisme.
Du côté de la Maison-Blanche, le vice-président Dick Cheney est proche d’Ariel Sharon, pour deux raisons évoquées par Ha’aretz. La première, c’est une proximité politique, qui veut que la droite chrétienne états-unienne soit proche d’Israël. La deuxième, plus substantielle, réside dans le fait que Cheney répète à l’envie à ses collaborateurs que les États-Unis ne devraient pas demander trop de concessions à Israël car, à l’avenir, ils pourraient se retrouver confrontés à des demandes récirpoques de la part d’Israël dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Et, à ce niveau là, Cheney dit n’avoir envie de faire aucune concession.
Cette analyse est peut-être erronée. C’est en tout cas ce que pense Jeffrey Kemp, du Nixon Center, qui dit croire qu’Israël fait une erreur en se reposant trop sur l’appui des néo-conservateurs et des chrétiens. Kemp pense que les néo-conservateurs seront amenés à perdre de leur influence, George W. Bush ayant donné des indices selon lesquels il se « reconnecterait » avec le monde. La clé des relations avec Israël repose, en tout cas, sur la question des colonies. À ce sujet, Douglas Feith, du département de la Défense a déclaré, il y a quelques mois, qu’il fallait cesser de parler des colonies « en termes négatifs ». D’autres dans l’administration pensent leur démantèlement inévitable. Un sujet sur lequel le président Bush fait preuve d’une relative « naïveté », d’après une indiscrétion insidieuse faite par un proche à Ha’aretz.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« U.S. nurses illusions on the road to Aqaba », par Shmuel Rosner, Ha’aretz, 3 juin 2003.