Les autorités israéliennes font feu de tout bois pour protéger leur suprématie militaire au Proche-Orient. Depuis quelques jours, le gouvernement d’Ariel Sharon fait part de son inquiétude à propos de la fourniture par l’armée états-unienne de missiles Harpoon à l’Égypte.
Mercredi 22 octobre 2003, des officiels israéliens se sont rencontrés pour préparer la prochaine réunion du Joint Political-Military Group Israël/USA. La prochaine réunion doit en effet avoir lieu la semaine prochaine à Tel Aviv, où seront abordés les thèmes de géopolitique au Proche-Orient, ainsi que les conséquences de la guerre d’Irak.
Au cours de cette réunion préparatoire, les participants israéliens ont débattu de la manière de présenter l’inquiétude de Tel Aviv concernant le déploiement de F-15 saoudiens dans une zone relativement proche de la baie d’Eilat. L’armée israélienne souhaiterait que ce déploiement ait lieu à un autre endroit, où il ne constituerait pas une menace militaire pour Israël. Le positionnement de ces avions leur permettrait en effet de frapper le sol israélien sans laisser le temps aux appareils de Tsahal de les intercepter. Le ministère de la Défense s’est lui montré assez peu inquiet par rapport à cette information, et ne souhaite apparemment pas mobiliser des contacts diplomatiques autour de cette question.
L’Arabie saoudite a acheté ses premiers F-15 aux États-Unis en 1978, ce qui avait suscité une virulente réaction d’Israël. En guise de compromis, le Pentagone s’était engagé à ce que les avions ne soient pas stationnés à proximité d’Israël mais bien au centre de l’Arabie saoudite. Peu de temps avant l’offensive irakienne, début 2003, les États-Unis avaient demandé à Israël de donner son accord à un redéploiement des avions dans la base de Tabuk, jusqu’à la fin de la guerre. Cette opération permettait de libérer l’espace aérien saoudien aux avions états-uniens. Depuis, l’Arabie saoudite a refusé de les ramener dans leur base d’origine.
Israël a mené en conséquence une campagne diplomatique pour obtenir satisfaction. Le chef d’état-major de Tsahal, Moshe Ya’Alon, a ainsi déclaré, en septembre 2003, que l’organisation Al Qaïda aurait par le passé tenté de recruter un pilote saoudien pour qu’il mène une attaque aérienne suicide avec un appareil militaire. Une menace qui justifierait que les autorités saoudiennes transfèrent à nouveau leurs appareils au centre du pays. L’Arabie saoudite a néanmoins continué à refuser de satisfaire à cette demande.
Dans le même temps, le chef des services de renseignement militaires, le major-général Aharon Ze’evi a déclaré, mardi 21 octobre 2003, à propos de l’acceptation par Téhéran de la ratification du protocole additionnel du TNP, que « la tactique de l’Iran consiste à traîner les pieds pour évacuer les requêtes que les Nations Unies leur envoient ». D’après lui, à partir de mi-2004, l’Iran aura passé « le point de non-retour » pour acquérir de l’uranium enrichi qui lui permettrait de réaliser des bombes nucléaires d’ici à 2006. Il faut donc empêcher Téhéran d’accéder à ces armes avant juin 2004.
Israël essaye également d’accréditer l’idée selon laquelle l’Arabie saoudite chercherait à acquérir, auprès du Pakistan, des missiles sol-sol à tête nucléaire. C’est en tout cas ce qu’a déclaré le même major-général Aharon Ze’evi devant la commission des Affaires étrangères de la Knesset, mardi 21 octobre 2003. D’après le président de la Commission, Yuval Steinitz, ces informations sont confirmées par des experts états-uniens dont il a recueilli l’avis en septembre 2003, à Washington, au Sénat. Ces experts auraient en effet déclaré que l’Arabie Saoudite dispose de missiles à longue portée qui ne sont utiles que s’ils sont équipés de têtes nucléaires. De plus, « Il existe des présomptions selon lesquelles l’Arabie saoudite aurait financé la centrale nucléaire pakistanaise et, qu’en contrepartie, si l’Iran devient une puissance nucléaire, le Pakistan fournira quelques têtes nucléaires à l’Arabie saoudite », d’après Steinitz.
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
Jerusalem Post (Israël)
« Worries about Saudi planes cloud U.S.-Israel strategic talks », par Aluf Benn, Ha’aretz, 22 octobre 2003. « MI boss : Tehran is trying to gain time », par Gideon Alon, Ha’aretz, 22 octobre 2003. « IDF : Saudis seeking nukes from Pakistan », Jerusalem Post, 22 octobre 2003.
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