Le ministre du conseil de gouvernement transitoire irakien, Mohammed Jassem Khodayer, qui se rendait à Beyrouth, officiellement pour apporter son soutien aux 812 Irakiens réfugiés au Liban et évaluer les modalités de leur retour à Bagdad, s’est vu boycotté par l’ensemble des ministres libanais, qui ont tous évoqué des problèmes d’emploi du temps ou des soucis de santé pour ne pas le recevoir. Il n’aura finalement pu rencontrer que le patron de la sûreté générale.
L’Orient Le Jour tente, dans son édition du jour, d’expliquer les raisons de ce « mépris » affiché « face à un ministre - et au delà [à] tout un gouvernement », en retenant plusieurs facteurs.
Premièrement, il pourrait s’agir d’une réaction aux propos du président du Conseil de gouvernement transitoire, le Kurde Jalal Talabani, proférés à l’encontre du ministre syrien des Affaires étrangères. Le responsable irakien avait en effet considéré que « la façon dont l’invitation a été lancée à l’Irak pour la réunion de Damas [consacrée au problème irakien et réunissant les voisins de l’Irak] est provocatrice et insultante ». Par solidarité envers la Syrie, le Liban aurait donc refusé de recevoir l’émissaire irakien.
Une deuxième explication est avancée, relative au rôle des États-Unis dans la visite de Mohammed Jassem Khodayer au Liban. L’ambassadeur états-unien Vincent Battle s’était en effet particulièrement impliqué pour tenter d’organiser des rencontres entre leur protégé irakien et les ministres libanais. Une implication états-unienne qui aurait déclenché une réaction épidermique de rejet du pouvoir libanais.
D’après L’Orient Le Jour, « des sources plus ou moins officielles ont laissé entendre hier que le Liban n’avait aucune envie de donner à la visite du ministre irakien une couleur politique. Elle impliquerait de facto la reconnaissance du régime mis en place par Paul Bremer à Bagdad - et auquel Beyrouth refuse, en écho à Damas et aux toutes récentes déclarations de Bouchra Kanafani, la porte-parole du ministère syrien des AE, d’accorder la moindre légitimité. »
« Le ministre irakien des Émigrés a quitté le Liban humilié », L’Orient Le Jour, 7 novembre 2003.
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