Le nouveau plan de déploiement des forces états-uniennes a été approuvé mercredi par Donald Rumsfeld et présenté le jour même par le chef d’état-major adjoint à la Commission de la défense de la Chambre des représentants. 127 000 hommes recevront leur feuille de route cette semaine. Il s’agit d’augmenter le nombre global des personnels sous les drapeaux tout en assurant une rotation des troupes et en les répartissant différemment. L’un des effets de ce plan est de retirer par étapes plusieurs dizaines de milliers d’hommes engagés en Irak, ce qui suppose de leur substituer sur place une force autochtone.
Cette décision satisfait des groupes antagonistes à Washington. Pour Karl Rove et les conseillers électoraux de la Maison-Blanche, le retour en 2004 des GI’s affectés en Irak aura un effet apaisant en période de campagne présidentielle. Au contraire, pour les « faucons », le retrait de la scène irakienne permet de disposer de troupes pour d’autres aventures militaires.
Fareed Zakaria conteste la pertinence de cette stratégie dans une tribune publiée simultanément par le Washington Post et Newsweek. Il observe qu’elle s’apparente à celle de Richard Nixon qui, souhaitant retirer les GI’s du Vietnam, avait cru pouvoir s’appuyer sur des forces locales. Mais si cette alternative pouvait paraître militairement efficace, elle avait dressé la population du Sud-Vietnam contre les Occidentaux, car le pouvoir local était illégitime. De même, s’en remettre à une armée improvisée autour d’Ahmed Chalabi pour pacifier le pays, c’est à coup sûr dresser définitivement la population irakienne contre les forces d’occupation.
Cette stratégie est aussi contestée par des républicains comme le sénateur John McCain qui y voient un signe de faiblesse. Intervenant hier soir devant le Conseil des relations étrangères (CFR), celui-ci a déclaré : « Il n’y a qu’une seule solution de sortie de crise pour les États-Unis : la victoire ».
Cette stratégie n’est pas plus comprise par les alliés de Washington. Ainsi l’ancien Premier ministre australien Malcolm Fraser appelle, dans The Age, à se montrer raisonnable. Contrairement aux déclarations officielles, il est probable que la guérilla irakienne est un mouvement de libération face à l’occupant. Quels que soient les moyens employés, troupes US ou dictature locale, on ne peut espérer venir à bout de cette résistance. Il faut donc mettre fin à l’occupation par la Coalition et transférer le pouvoir à l’ONU. Ce sera humiliant pour George W. Bush, mais cela lui évitera bien pire encore.
Le professeur Jonathan Turley s’amuse dans le Los Angeles Times des incohérences du département de la Justice à propos des attentats du 11 septembre. Jusqu’à présent l’administration Bush s’est employée à interdire toute procédure pénale permettant de faire la lumière sur le modus operandi des attentats, et plus encore sur l’identification des commanditaires. Elle s’est contentée de livrer une version non vérifiée, quoique communément acceptée, de détournement des avions par des pirates kamikazes. Pour calmer les familles des victimes, l’administration Bush a affirmé avoir arrêté un membre du complot, qui se serait destiné à être le « 20ème terroriste », mais aurait été empêché au dernier moment de participer à l’opération. dans ce rôle, elle a désigné le Français Zacarias Moussaoui. Malheureusement, il apparaît aujourd’hui que le FBI ne dispose d’aucun élément pour étayer ses accusations et que M. Moussaoui ne peut être poursuivi que pour immigration illégale. Le département de la Justice a alors accusé du même grief un certain Bin Al-Sibh contre lequel on ne semble pas non plus disposer de la moindre preuve. Aussi, bien qu’il n’ait pas abandonné les deux poursuites mentionnées, le département de la Justice vient d’évoquer un troisième « 20ème pirate de l’air ». Jusqu’à quant, se demande le professeur Turley, le département de la Justice sera-t-il dirigé par son cabinet de communication ?
Anders Aslund de la Fondation Carnegie condamne dans Le Figaro le retour de l’arbitraire en Russie. Selon lui, en arrêtant Mikhail Khodorkovsky, Vladimir V. Poutine a dressé contre lui à la fois les milieux d’affaire qui craignent pour leur propriété et la population qui craint le retour de l’arbitraire. Le maître du Kremlin s’exposerait donc à une prochaine défaite électorale. Cependant, le bras de fer qui oppose le président russe aux oligarques ne fait que commencer et peut être perçu différemment par la population au cours des épisodes à venir. Ainsi, l’expulsion cette nuit de la Fondation Soros, sœur jumelle de la Fondation de Khodorkovsky, satisfait plutôt la détestation du peuple face aux oligarques.
L’ancien ministre polonais Radek Sikorski tire la sonnette d’alarme dans le Washington Post. Certes les démocraties d’Europe centrale se sont engagées aux côtés des États-Unis en Irak, mais leur soutien pourrait être remis en cause. En effet, il ne suffit pas que leurs dirigeants aient été formés par le programme Fullbright de la CIA, il faut aussi que leur politique soit comprise par les populations. Or les opinions publiques locales ne voient aucun avantage national dans cet alignement. Il est donc urgent d’investir dans ces pays pour les arrimer à Washington.
Ne supportant plus d’être sommés de se justifier face à l’imputation de complaisance avec des antisémites, des élus verts parisiens plaident dans Le Monde pour qu’on ne pollue pas le Forum social européen avec ce débat. Ne pouvant évoquer un positionnement clair de leur parti, ils entendent participer au Forum Social Européen malgré la présence de Tariq Ramadan, mais refusent d’y débattre avec lui.
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