Alors que la Syrie n’a toujours pas officiellement réagi à l’adoption par le Sénat états-unien du Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restoration Act, les hauts responsables libanais ont commenté publiquement cette décision dès mercredi 12 novembre 2003, au matin.
Le président Émile Lahoud et le chef de la diplomatie, Jean Obeid, ont ainsi prôné à l’unisson le « dialogue » et la « raison » pour régler le contentieux entre Washington et Damas. Pour le ministre des Affaires étrangères libanais, le Syria Accountability Act est « l’incarnation de l’influence israélienne sur la politique américaine. Sauf que nous aurions aimé que ce soit la politique US telle que l’on conçue les fondateurs des États-Unis qui influence Israël ». Émile Lahoud a estimé que ce vote « vient contredire » les efforts déployés actuellement en faveur de l’instauration d’une paix juste, globale et durable au Proche-Orient. Selon lui, la démarche du Sénat vient également « comme une réponse aux pressions du lobby sioniste exercées contre la Syrie pour la pousser à renoncer à ses constantes nationales et à ses positions vis-à-vis des questions arabes ».« Seul un dialogue sincère loin de toute pression peut conduire au règlement des problèmes en suspens », a notamment déclaré à ce propos le chef de l’État. Des déclarations qui font écho à un article du quotidien syrien al-Baas, qui indique que « seul le dialogue peut porter ses fruits ».
Cette similarité dans les réactions libanaises et syriennes démontre, d’après L’Orient Le Jour, « le caractère pertinent - pour ce qui se rapporte seulement au Liban - des interventions particulièrement fermes des sénateurs américains lors du débat qui a précédé le vote de mardi. Aussi bien les élus républicains que démocrates ont, en effet, déploré explicitement le fait que "les Libanais ne sont plus maîtres de leur sort" et que "la Syrie prend le Liban en otage". Le suivisme aveugle et sans nuances du pouvoir libanais à l’égard de Damas - suivisme qui s’est illustré une fois de plus hier - apporte aux membres du Sénat US la preuve palpable que leurs propos sont loin d’être une vue de l’esprit. »
L’Orient Le Jour met ensuite en doute les volontés supposées de dialoguer de Damas, en se demandant s’il ne s’agit pas « d’une nouvelle manœuvre traditionnelle, le régime syrien étant passé maître dans sa capacité à gagner du temps, dans l’attente d’une modification des rapports de forces et de changements internationaux ou régionaux lui permettant d’échapper aux pressions ».
« Comme d’habitude, le pouvoir se montre plus royaliste que le roi », par Michel Touma, L’Orient Le Jour, 13 novembre 2003. « Le chef de l’état dénonce le vote au sénat US », L’Orient Le Jour, 13 novembre 2003.
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