Israël et l’Inde ont signé en octobre un accord militaire comprenant la construction commune d’un avion de combat et la possible utilisation de bases aériennes indiennes par l’aviation israélienne, concrétisant ainsi un rapprochement entre les deux pays. Le vice-président du Congrès juif mondial, Isi Leibler se réjouit dans le Jerusalem Post de la nouvelle orientation que l’Inde donne à ses relations avec Israël depuis que les nationalistes hindous sont au pouvoir. Il regrette que New Delhi continue de soutenir des résolution à l’ONU condamnant Israël et que Tel-Aviv ne s’implique pas davantage dans cette relation, mais voit d’un œil favorable les rapprochements, soutenus par des groupes sionistes américains, entre l’Inde et la diaspora juive. Cette alliance des gouvernements nationalistes indiens et israéliens semble clairement destinée à combattre le Pakistan et l’Iran et trouve un sinistre écho dans les propos islamophobe tenu par Ariel Sharon dans une interview accordée au site EUpolitix.com, que nous reproduisons dans ces colonnes. Il y déclare : « La présence musulmane qui ne cesse d’augmenter en Europe met clairement la vie des Juifs en danger ».
Ces propos rejoignent la rhétorique traditionnelle d’une partie de l’extrême droite européenne qui, malgré son antisémitisme historique, noue des liens avec l’extrême droite israélienne. Ainsi, on se souvient qu’entre les deux tours de l’élection présidentielle française de 2002, Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), avait affirmé dans Ha’aretz que « les Juifs de France et Le Pen partagent un intérêt commun ». Le président du Front national avait accordé une interview au même quotidien dans lequelle il comparait la politique d’Ariel Sharon à sa propre action en Algérie. Le député d’opposition israélien Yossi Sarid s’inquiète de ces rapprochements et annonce qu’il boycottera la venue du dirigeant néo-fasciste Gianfranco Fini à la Knesset. Dans Ha’aretz, le président du Meretz voit dans cette invitation la preuve de la politique anti-antisémite de Sharon. Faisant fi de leur haine réciproque passée, les extrêmes droites israéliennes et européennes s’allient aujourd’hui dans le cadre du « Choc des civilisations ».

Pour Kemal Dervis, ce « Choc des civilisations », prophétisé par Huntington, n’est pas inévitable. L’ancien ministre de l’Économie turc voit dans les attentats d’Ankara une attaque contre la Turquie qui serait pour les islamistes un pont qu’il convient de détruire entre l’Orient et l’Occident. Dans Le Figaro, il demande aux dirigeants de l’Union européenne de ne pas tomber eux-mêmes dans cette logique et de soutenir l’adhésion de son pays à l’Union en 2005 contre les projets de Washington de constituer une union des pays du Proche-Orient dans laquelle la Turquie serait reléguée.

Richard N. Haass, président du Council on Foreign Relations et ancien directeur du planning du département d’État, reconnaît dans le Washington Post le caractère impérialiste de la guerre en Irak et note que ce type de guerre est plus difficile à faire accepter à l’opinion publique que les guerre d’autodéfense. L’opinion n’étant pas prête à ce que l’armée s’implique longtemps dans un pays étranger dans le carde de telles guerres, il est essentiel de bien préparer la population auparavant.
Ce conditionnement de l’opinion publique passe par les médias états-uniens où les conservateurs ont de plus en plus d’influence. Le Los Angeles Times ouvre, aux États-Unis, le débat sur la « révolution conservatrice » dans les médias et les milieux culturels. Brian C. Anderson, ancien membre de l’American Entreprise Institute, note que suite au succès de Fox News, de sites internet conservateurs et de la multiplication des livres défendant les thèses conservatrices, le monopole de la gauche sur cette branche est en train de s’effondrer et que les États-Unis vont devenir un pays de plus en plus conservateur. Neal Gabler balaye cette affirmation et note que bien qu’on assiste effectivement à une progression des discours conservateurs dans les médias, cela ne se traduit pas par une modification des opinions des citoyens états-uniens qui continuent de se placer sur l’échelle droite gauche dans des proportions similaires à celle qu’on pouvait observer avant le 11 septembre.

Enfin, Robert Parsons revient dans le Guardian sur la chute d’Edouard Chevardnarze qu’il déplore. Reconnaissant que l’ancien président géorgien n’a pas assez fait pour combattre la corruption, il passe toutefois sous silence la fraude électorale qui a poussé l’opposition a manifester. Il conclut en demandant à Misha Saakashvili, qu’il considère comme le prochain président géorgien, de garder une politique équilibrée entre Moscou et Washington et de ne pas remettre en cause l’implantation de bases russes dans le pays.