L’adhésion de dix nouveaux membres dans l’Union européenne est un événement comparable pour l’Europe à la paix de Westphalie, le Congrès de Vienne, le traité de Versailles et la conférence de Yalta à la différence que cet événement a été négocié dans la paix. Cette adhésion est un impératif moral, car l’unification européenne ne sera pas complète sans ces pays, mais aussi stratégique, car elle va permettre que les mêmes règles s’appliquent de la Mer noire à la Baltique.
Cette unification a été dûment planifiée et ces pays ont été aidés à hauteur de 2,5 milliards d’euros par an depuis l’an 2000. En outre, des projets de jumelages ont été menés. Ceux-ci consistaient à envoyer des fonctionnaires européens dans ces pays afin de préparer l’administration de ces pays à l’adhésion. De leur côté, les nouveau pays ont fait également des efforts considérables et il convient de les saluer même si certains retards sont préoccupants. Il faudra en effet, qu’ils se plient à toutes les règles communautaires ou ils ne pourront pas profiter pleinement des bénéfices de l’adhésion. Par exemple, les produits alimentaires ne pourront être exportés vers les autres pays que s’ils répondent aux normes européennes et les fonds de la PAC ne pourront être délivrés que si ces pays disposent de systèmes de gestions appropriés.
Cet élargissement provoque des craintes dans les pays membres mais cette anxiété n’est pas fondée. L’entrée de ces pays ne coûtera que 3% du budget de l’Union européenne et il n’y aura pas plus de délocalisation, de problèmes liés au crimes organisés ou de corruption si ces pays adhèrent que s’ils étaient laissés à l’extérieur.

Source
Le Monde (France)

« L’Europe s’élargit ? Non, elle se retrouve », par Günter Verheugen, Le Monde, 26 novembre 2003.