Les Irakiens s’affrontent entre eux sur de nombreux sujets, mais s’accordent sur un seul : leur pays doit rester uni. Ils se sentent d’abord Irakiens avant de se sentir sunnites ou chiites. Même les kurdes veulent se trouver un rôle dans le nouvel Irak.
Cette unanimité tranche brutalement avec l’opinion de ceux qui, à l’extérieur du pays, estiment qu’il faut démanteler l’Irak au regard de son histoire et des velléités indépendantistes kurdes qui reviennent à intervalles réguliers. En réalité, sunnites et chiites se mélangent, notamment à Bagdad. Créer des États séparés reviendrait à planifier un nettoyage ethnique. L’argument selon lequel l’Irak est un pays « artificiel » ne vaut rien car aucun pays n’a été construit par Mère nature. L’Irak est bien un pays multhi-éthnique, mais il n’est pas le seul. L’Iran voisin est également un mélange de populations.
Croire que l’Irak est désuni a déjà coûté des milliers de vies au Royaume-Uni après la Première Guerre mondiale et l’Iran n’a pas non plus réussi à s’appuyer sur les chiites durant la guerre contre l’Irak. Il est vrai qu’après la révolte contre les Britanniques, le pouvoir a toujours appartenu à des sunnites, mais les chiites n’en veulent pas à l’ensemble de la communauté collectivement. Le pays n’a jamais connu de guerre entre communautés même si des gouvernements ont pu s’attaquer à certaines d’entre elles.
Si elle n’organise pas d’élections, c’est désormais l’Autorité provisoire de la Coalition en Irak qui risque de faire les frais de l’unité de l’Irak.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Divided Iraq Would Be a Triple Threat », par Andrew M. Cockburn, Los Angeles Times, 5 décembre 2003.