Les élections de 1999 avaient déjà montré que les élites dirigeantes ne laissent rien au hasard ou à la démocratie. La crise de succession de cette année démontre qu’un changement de président cause des problèmes aux élites dirigeantes. Bien que soutenu par la Famille Eltsine au moment de sa prise de pouvoir, l’équipe de Vladimir Poutine est en train de lentement prendre les rênes du pouvoir politique et économique. Les oligarques ont d’abord bénéficié d’un État de grâce en 1999-2000, mais aujourd’hui, ils sont remplacés par d’autres oligarques qui tenteront de rester au pouvoir en 2008.
Pour cela, ils pourront profiter de la révision constitutionnelle - rendue nécessaire par la fusion des régions russes de Komi Permyatsky et Perm - pour supprimer la limitation du nombre de mandats ou augmenter la durée des mandats présidentiels, de sorte que Poutine puisse se maintenir dans la durée. Russie unie, le parti présidentiel, détient suffisamment de sièges à la Douma pour imposer cette réforme. Nous sommes en train de passer d’une « démocratie dirigée » à un régime autoritaire avec une façade démocratique. Au cours de ces élections législatives, l’opposition communiste est morte comme l’espérait le Kremlin.
Quoiqu’il en soit, la véritable opposition au Kremlin ne viendra pas du Parlement, mais des mouvements sociaux. Sans cette opposition-là, nous finirons comme le héros du film « Un jour sans fin » : nous assisterons tous les jours aux mêmes choses avec les mêmes personnes au pouvoir.

Source
Moscow Times (Fédération de Russie)

« Groundhog Day a la Russe ? », par Boris Kagarlitsky, Moscow Times, 10 décembre 2003.