L’Orient le Jour consacre un article d’analyse aux nouvelles visions développés par les professionnels libanais de la diplomatie sharonienne. Ceux-ci relèvent en effet que le Premier ministre israélien semble, ces derniers temps, « s’éloigner des paramètres d’extrémisme qui ont fait la renommée du bourreau de Sabra ». Au cœur de cette nouvelle pensée, un nouvel idéal que serait « la mise en orbite d’un État israélien dit des quatre cinquièmes : 80 % de juifs et 20 % d’Arabes. Cette proposition fait par elle-même un sort au rêve d’un État hébreu à 100 %, impliquant donc l’expulsion des Arabes, que le radicalisme antérieur de l’aile dure du Likoud, incarnée par le même Sharon, défendait. »
Il existe des explications tactiques à ce revirement : les pressions occidentales se multiplient sur Israël, à la fois de la part des Européens, mais même de Washington, qui demande à Tel Aviv de cesser ses opérations militaires répressives dans les territoires occupés. Le Président Bush a ainsi expressément demandé à Ariel Sharon « de faire montre de plus de souplesse. D’opérer des retraits, de démanteler des colonies, de réviser sa copie pour ce qui est de la clôture de séparation. Cela pendant que Powell recevait spectaculairement les promoteurs de l’Initiative de Genève, le Palestinien Yasser Abed Rabbo et l’Israélien Yossi Beilin. ».
Selon les experts libanais, le cœur de la stratégie est liée à la démographie. En effet, selon des statistiques établies par l’Université d’al-Aqsa, le population palestinienne dans les territoires israélo-palestiniens a fortement augmenté. Selon les démographes israéliens, « dans deux générations, les contrées centrales seraient peuplées de Palestiniens à 33 %. D’où une idée, présentée éventuellement comme un cadeau aux Américains : rabattre en profondeur quelque 150 000 colons juifs de Judée-Samarie et des environs du secteur oriental de Jérusalem. »
« L’échec des pourparlers interpalestiniens du Caire » pourrait également remettre en cause la tournure « modérée » de la politique d’Ariel Sharon. Il permet d’envisager une reprise des attentats des organisations radicales palestiniennes, et donc de nouvelles représailles de la part de l’armée israélienne.

Source
L&8217;Orient Le Jour (Liban)

« Les diplomates locaux suivent avec intérêt l’évolution psycho-politique de Sharon », par Khalif Fleyhan, L’Orient Le Jour 10 décembre 2003.