À l’origine, quand le projet de barrière israélienne a émergé, il y a deux ans, son contour devait suivre la « Ligne verte », la frontière issue de l’armistice de 1948 et elle avait pour but d’empêcher les kamikazes de s’en prendre aux 97 % de citoyens israéliens qui vivent au-delà de cette ligne. Cette barrière devait également délégitimer les colonies isolées et démontrer que les Israéliens voulaient séparer leur État juif et démocratique des territoires palestiniens. La barrière permettait aussi de nous protéger du « retour » illégal de Palestiniens et des vols commis par des personnes vivant de l’autre côté de la ligne verte.
Ariel Sharon a d’abord rejeté l’idée afin de protéger les colonies, puis il l’a reprise à son compte pour la détourner, relier les colonie à Israël et constituer une enclave palestinienne non-viable. Sharon a clairement affirmé que si Yasser Arafat et Ahmed Qoreï n’acceptaient pas d’appeler leur enclave un « État », ce qui correspond à la seconde phase de la « feuille de route », Israël imposerait unilatéralement un nouvel arrangement. Il profite ainsi de la peur des Israéliens face aux attentats suicide et de l’engagement de George W. Bush en faveur de la feuille de route, tout en utilisant sa préoccupation pour l’Irak et les élections. De leur côté, les Palestiniens se sont lancés dans une campagne de diplomatie publique pour faire appeler « mur » la barrière, alors que seuls quelques kilomètres correspondent à cette définition, et faire oublier que sa raison d’être initiale est de protéger les Israéliens des kamikazes contre lesquels l’Autorité palestinienne ne fait rien.
La barrière est efficace et c’est pour cela que la communauté internationale ne doit pas faire pression sur Israël pour arrêter la construction du « mur », mais pour que son tracé suive la Ligne verte.

Source
International Herald Tribune (France)
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« Israel needs a fence - just not this one », par Yossi Alpher, International Herald Tribune, 6 janvier 2004.