L’antisémitisme peut s’exprimer aussi bien par l’action que par l’inaction et la Commission européenne est coupable des deux en réalisant d’abord un sondage présentant Israël comme la plus grande menace pour la paix mondiale, puis en censurant un rapport montrant l’implication des minorités musulmanes dans les incidents antisémites en Europe.
Cette attitude met en péril les juifs d’Europe. C’est pourquoi nous nous sommes efforcés que chaque membre du Parlement européen reçoive une copie du rapport sur l’antisémitisme. Il démontre qu’on ne peut pas nier l’existence d’un lien entre les poussées de l’antisémitisme et l’escalade du conflit au Moyen-Orient et que la politique d’Israël vis-à-vis des Palestiniens fournit une excuse pour dénoncer les juifs dans leur ensemble. Le rapport révèle que, durant la période étudiée, les incidents antisémites ont été l’œuvre de l’extrême droite, des islamistes radicaux, des jeunes musulmans et de la gauche pro-palestinienne et que l’antisémitisme contemporain se fonde sur la croyance en une conspiration juive mondiale. La majorité des attaques antisémites hors d’Israël a lieu en Europe occidentale. Il est malhonnête de la part de l’Union européenne de cacher cela.
Cette censure est un coup d’arrêt porté à la lutte contre l’antisémitisme et nous ne devons pas le laisser faire. Les démocraties sont jugées sur la façon dont elles traitent les minorités. Nous verrons ce que propose Romano Prodi quand il rencontrera le Congrès juif mondial le mois prochain.

Source
Financial Times (Royaume-Uni)

« Europe’s moral treachery over anti-Semitism », par Edgar M. Bronfman et Cobi Benatoff, Financial Times, 4 janvier 2004. Ce texte n’étant pas disponible gratuitement sur le site du journal, nous vous renvoyons à sa reproduction sur le site autrichien die jüdische le 5 janvier 2004.