Entendu devant la commission des Affaires étrangères de la Knesset, le commandant du Renseignement militaire israélien, le Major général Aharon Ze’evi-Farkash a affirmé que le président syrien Bashar al-Assad s’était exprimé publiquement pour la première fois sur la normalisation des relations avec Israël. Il aurait notamment demandé aux organisations terroristes opérant hors de Damas d’adopter un profil bas et ordonné aux porte-paroles du gouvernement syrien de modérer leur rhétorique
Dans le même temps, le président israélien Moshe Katsav a réitéré son appel en direction du chef de l’État syrien afin que reprennent les négociations avec Tel Aviv, qu’elles soient secrètes ou publiques, et sans conditions préalables. Dans une interview donnée à la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, il a indiqué que cette invitation visait à tester « les réelles intentions [de la Syrie] concernant la paix avec Israël ».
Selon Aharon Ze’evi-Farkash, les récentes prises de position du président al-Assad, notamment dans la presse occidentale montrent le sérieux de sa volonté de négocier, après avoir déjà ouvert une « brèche » dans le « mur du nord », c’est à dire la connection entre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah. Ce changement de politique s’expliquerait par les conséquences de la guerre en Irak, les menaces états-uniennes de sanctions économiques et la vive réaction d’Israël au soutien syrien au terrorisme, avec le raid aérien mené par des avions israéliens sur un camp terroriste situé près de Damas, en octobre 2003. Il faudrait d’après lui qu’Israël en profite pour continuer à affaiblir le Hezbollah, même si le militaire s’est refusé à recommander clairement la reprise du dialogue avec Damas.
Dans le dossier palestinien, le major-général Ze’evi-Farkash a confié que le Premier ministre Ahmed Qureih avait renoncé dans la pratique aux quelques prérogatives dont il disposait encore, et que le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, était de fait le dirigeant absolu des territoires. Le major-général a poursuivi en qualifiant la situation en Palestine « d’anarchique », ajoutant que Yasser Arafat refuse de s’attaquer aux terroristes palestiniens, bloque toute réforme de l’Autorité palestinienne et continue à financer les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa. Le calme relatif sur la scène des attentats n’est qu’un leurre, car des gens pressent pour la reprise des attaques.
Selon L’Orient Le Jour, les déclarations d’intention d’Ariel Sharon sur la reprise des négociations ne doivent pas être prises au sérieux, car « objectivement, Israël n’a pas l’intention - et n’a pas intérêt, selon sa logique à lui - de parvenir à un accord de paix, que ce soit avec l’Autorité palestinienne ou avec la Syrie ». En effet, en demandant avant toute chose aux Syriens de démanteler le Hezbollah et à l’Autorité palestinienne de s’attaquer aux organisations terroristes, « tout se passe en fait comme si Israël exigeait, avant d’engager des pourparlers de paix, d’obtenir ce que ces pourparlers devraient lui assurer ». Tel Aviv s’assure ainsi de gagner du temps, aiguisant les contradictions du camp palestinien et profitant des pressions états-uniennes sur la Syrie pour affaiblir autant que possible les deux camps, jusqu’à les amener à « accepter la capitulation ». Dans un tel contexte, seule une intervention de Washington peut faire avancer le processus de paix.
Ariel Sharon a par ailleurs rencontré le congressman états-unien Mike Pence, qui se décrit lui-même comme un supporter inconditionnel d’Israël, afin d’évoquer avec lui des questions liées à la sécurité d’Israël. Les discussions ont longuement porté sur la question du mur de séparation, fortement défendu par Mike Pence, qui est également membre de la commission parlementaire sur les Relations internationales.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
L&8217;Orient Le Jour (Liban)

« Assad is speaking publicly of normalization with Israel », par Gideon Alon, Ha’aretz, 14 janvier 2004. « Le Liban attend une issue US à la crise au P-O », par Emile Khoury, L’Orient Le Jour, 14 janvier 2004. « Pro-Israel congressman boosts fence »,