Il n’a fallu que dix jours pour que la Cour suprême afghane détourne l’esprit et la lettre de la constitution nouvellement adoptée. Ainsi, elle a décidé, sans avoir été saisie et sans qu’une loi ne traite de ce sujet, de censurer le passage à la télévision de la chanteuse pop Salma en déclarant que montrer une femme chanter et danser était anti-islamique.
Cet exemple montre le principal danger qui plane sur l’Afghanistan : que le système judiciaire n’impose sa vison fondamentaliste du Coran au lieu de défendre la loi afghane. C’est l’attitude qu’a malheureusement toujours suivi le président de la Cour suprême Mawlavi Fazl Hadi Shimravi, un fondamentaliste nommé juste après la chute de Kaboul et que Karzaï a malheureusement gardé en poste. Shinwari a pu nommer ses proches aux postes clé de la juridiction suprême et a créé, à l’intérieur de la Cour suprême, un « conseil des fatwas » qui n’existe même pas légalement.
La constitution afghane est un modèle de modération, mais elle comprend un article dangereux qui stipule que la Cour suprême doit juger si les lois et traités sont conforme à l’islam. Si cette instance tombe aux mains des fondamentalistes, elle sera l’équivalent du Conseil des gardiens iranien. Il faut donc que le président Karzaï prenne des mesures en interdisant l’auto-saisine par la Cour et en y nommant de nouveaux membres.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Attacking Democracy From the Bench », par J Alexander Thier, New York Times, 26 janvier 2004.