Le grand ayatollah Sistani n’est, paraît-il, pas sorti de sa maison depuis six ans. Cela ne l’empêche pas cependant d’être aujourd’hui le dirigeant chiite le pus respecté. Cela inquiète les Américains qui croient voir en lui un nouveau Khomeini. Mais Sistani fait partie de ces chiites qui considèrent qu’ils ne doivent pas s’imiscer dans les affaires du monde. Cette attitude a poussé certains de ses fidèles à se tourner vers Mohammed Sadiq Sadr, puis vers son fils, en raison de leur appel à l’action. Quoi qu’il en soit, Sistani reste malgré tout l’ayatollah le plus respecté et il prêche la modération contrairement au clergé sunnite appelant au jihad.
Sistani n’a pas toujours été très explicite sur ses aspirations, mais il souhaite vraisemblablement un gouvernement fondé sur la loi islamique tout en acceptant les réalités politiques modernes. Bien qu’il pense que les religieux doivent rester éloignés du pouvoir politique, il a été contraint de s’impliquer à la suite de sollicitations. Il a plaidé pour un Irak uni, fondé sur un système pluraliste. Il s’est également prononcé à plusieurs occasions contre les initiatives états-uniennes et certaines nominations. Il a appelé à des élections nationales contre le projet de Washington d’organiser les élections avec des collèges électoraux distincts.
Les États-Unis doivent prendre ses demandes au sérieux et trouver un compromis avec lui sur le transfert du pouvoir afin de rassurer les chiites qui craignent d’être à nouveau trahis. Une majorité d’Irakiens veut des élections nationales, mais il doit être possible de leur faire accepter qu’elles aient lieu après le 30 juin. Cela entraînera l’élection d’une nouvelle assemblée qui pourra alors rédiger la constitution et nommer un gouvernement ayant la légitimité pour négocier les conditions de la présence états-unienne dans le pays.
« A Reclusive Cleric Holds the Power », par Yitzhak Nakash, Los Angeles Times, 27 janvier 2004.
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