Nous assistons aujourd’hui à un renouveau global de l’antisémitisme qui rappelle l’atmosphère des années 30. Toutefois ce nouvel antisémitisme se distingue de son ancienne forme et il mérite donc d’être redéfini. Il se caractérise aujourd’hui dans sa forme la plus bénigne (si on peut appeler cela bénin) par des jugements contre Israël différant des normes communes sur la scène internationale, comme le font les agences des Droits de l’homme de l’ONU. Dans sa forme la plus dure, il passe par des attentats suicide génocidaires contre Israël et les juifs. En fait, quand l’ancien antisémitisme s’attaquait aux juifs en tant qu’individus, le nouvel antisémitisme les attaque entant que peuple.
Le nouvel antisémitisme se manifeste de plusieurs façons que j’aimerai indexer :
 L’antisémitisme génocidaire : il inclut tous les appels à la destruction d’Israël et du peuple juif. Cela regroupe les appels des groupes terroristes ou de certains religieux musulmans, mais aussi de certains États comme l’Iran et l’Irak. Ces pays expriment leur souhait d’utiliser l’arme nucléaire pour y parvenir. Le silence face à ces antisémitismes est troublant.
 L’antisémitisme politique : il se manifeste par le refus du droit à l’autodétermination du peuple juif et donc la délégitimation de l’existence même d’Israël, pays auquel on va attribuer tous les maux de la terre. Il s’agit d’une adaptation des vieux principes antisémites médiévaux relatifs à la religion juive que l’on transpose à la nouvelle religion civile des juifs : l’attachement à Israël. Il passe souvent par la condamnation d’Israël comme un État d’apartheid ou du sionisme comme un racisme.
 L’antisémitisme théologique : il s’agit de l’antisémitisme islamique accepté par les États et qui présente le judaïsme comme l’ennemi perfide de l’islam. Il s’agit également de l’antisémitisme chrétien qui considère que l’Église a remplacé les juifs dans la faveur de D… [1]. Dans ce domaine, on assiste en Europe à un retour sans précédent de l’antisémitisme.
 Nier à Israël le droit à l’égalité devant la loi. Il s’agit de la discrimination contre Israël à l’échelle internationale. Les avis de la Commission des Droits de l’homme de l’ONU ou la conférence internationale de Durban en sont de bons exemples.
 L’antisémitisme économique : il s’agit de toutes les mesures discriminatoires prises dans le domaine économique contre Israël ou les juifs. C’est notamment le cas du boycott exercé par des pays arabes, mais également de la négation de l’Holocauste pour délégitimer les réparations financières.
 L’antisémitisme étatique : il s’agit de toute la propagation de la culture de la haine par les États.
Il est temps de sonner l’alarme face à ces antisémitisme car si les discriminations commencent souvent par les juifs, elles ne s’arrêtent jamais à eux.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Human rights and the new anti-Jewishness » par Irwin Cotler, Jerusalem Post, 6 février 2004. Cette tribune est la reprise d’un article publié en novembre 2002 par le Jewish People Policy Planning Institute.

[1NDLR : « D… » est la traduction que nous faisons de l’expression « G-d » employée par l’auteur. Il s’agit de la façon de désigner Dieu (God en anglais) sans briser l’interdit juif de le nommer.