Au premier jour de la visite d’État en France de Moshe Katzav, le président de la République israélien, les responsables politiques des deux pays rivalisent de courtoisie les uns envers les autres et tentent de désamorcer les accusations d’antisémitisme qui avaient été lancées par certains journaux israéliens contre Paris. Ainsi, l’ambassadeur israélien Nissim Zvili s’est publiquement félicité de la lutte contre l’antisémitisme en France et en a même fait un exemple en Europe. Dans une interview au Figaro, David Khayat, le responsable français du groupe bilatéral pour la relance de la coopération franco-israélienne, affirme également que le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin lutte contre l’antisémitisme qui serait issu de « fractions précises de la société française » et se réjouit de la relance des échanges entre la France et Israël. Ces échanges sur l’antisémitisme risquent cependant de ne pas faire oublier longtemps l’opposition franco-israélienne sur le tracé du Mur israélien que Jacques Chirac a condamné et déclaré illégal vendredi.
La visite de Moshe Katzav en France ne passionne pas en revanche les journaux israéliens qui restent concentrés sur les déclarations d’Ariel Sharon envisageant un retrait israélien de la bande de Gaza et l’abandon de certaines colonies. Dans le Jerusalem Post, Shlomo Avineri donne le beau rôle au Premier ministre israélien en affirmant que Sharon est avant tout un pragmatique préoccupé par la sécurité du cœur du territoire d’Israël et qu’il n’a jamais vu les territoires palestiniens que comme un glacis défensif contre la menace arabe. Celle-ci ayant diminué suite à la chute de Saddam Hussein, il change de stratégie et laisse plus de territoires aux Palestiniens tout en prenant des mesures contre les terroristes. Cette analyse des motivations de Sharon occulte délibérément les débats internes au Likoud sur la « menace démographique » arabe et l’intérêt d’isoler les populations juives des minorités arabes.

La question de la souveraineté nationale dans les pays étrangers semble être une notion oubliée des éditorialistes états-uniens. On y parle en effet très couramment des régimes les plus appropriés pour servir les intérêts de l’administration Bush dans les pays étrangers ou de la façon la plus appropriée de changer le régime de ces pays sans que cela n’étonne plus personne.
Ainsi, dans le New York Times, Stephen P. Cohen revient sur les aveux du Dr Khan concernant l’aide qu’il aurait apporté aux programmes nucléaires de la Corée du Nord ou de la Libye. Il estime qu’il est possible que le gouvernement n’y ait effectivement pas été mêlé ; qu’il faut s’assurer que le pouvoir central pakistanais contrôle à nouveau ses capacités nucléaires ; et qu’il faut donc chasser les militaires du pouvoir pour que ces derniers puisse davantage se concentrer sur cette question.
De leur côté, Nir Boms et Erick Stakelbeck commente les préparatifs de la future tentative de renversement de Bashar El-Assad dans le Jerusalem Post, une méthode proche de celle utilisée pour l’Irak. Une conférence des groupes d’opposition syrien s’est rassemblée à Bruxelles suite à l’adoption du Syrian Acountability Act, tout comme une conférence analogue regroupant les groupes d’exilés irakiens avait eu lieu à Londres suite à l’adoption de l’Iraqi Acountability Act. La Syrie est également accusée de posséder des « armes de destruction massive » et d’entretenir des liens avec « les terroristes ». Tout semble être sur de bons rails pour les faucons qui déplorent cependant le manque de soutien de l’Union européenne pour cette méthode.
Dans le Los Angeles Times, Michael Marx McCarthy estime pour sa part que Washington a tort de déstabiliser des gouvernements étrangers. Commentant la crise actuelle en Haïti, il estime que l’administration Bush a tout à perdre à ne pas aider ce pays en le laissant s’enfoncer dans la crise. Cet argumentaire aurait peut-être plus de poids s’il ne niait pas explicitement la responsabilité de Washington dans les tentatives de coup d’État au Venezuela et dans la crise actuelle en Haïti.

Dans le Taipei Times, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz s’alarme de la politique économique menée par Paul Bremer en Irak. Cette dernière qui consiste à libéraliser à tout va l’économie irakienne aura les mêmes conséquences dramatiques que la libéralisation sauvage dans les pays de l’ex-URSS prédit l’économiste et cela ne permettra pas de reconstruire le pays. Reste à savoir, bien sûr, si cette politique a pour finalité la reconstruction ou la prédation économique.

Enfin, dans un discours dont The Independant reproduit des extraits le secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, enjoint la Bosnie-Herzégovine et la Serbie-Monténégro à livrer les criminels de guerre au tribunal de La Haye. Ce serait le seul moyen pour eux de prouver qu’ils partagent les valeurs de l’alliance atlantique.