À la veille du super Tuesday, jour des élections primaires démocrates de dix États états-unien dont la Californie et New York, le New York Times, qui s’est déjà prononcé en faveur de John Kerry, laisse la parole aux deux derniers candidats en lice pour l’investiture. Un mois après avoir publié leur thème astrologique dans ses pages débat, le quotidien new-yorkais leur a demandé de revenir sur un événement marquant dans leur vie qui a forgé leur caractère. Derrière ce sujet on ne peu plus scolaire, on peut deviner les thèmes de campagnes des candidats : John Edwards rappelle une de ses victoires d’avocat engagé dans la défense des gens simples pour rappeler sa campagne dénonçant les « deux Amériques ». John Kerry se souvient de la mort de deux de ses amis au Vietnam pour souligner son patriotisme et son engagement sur les questions de sécurité. Toutefois, ce qui ressort surtout de ces deux textes, c’est la pauvreté du débat démocratique aux États-Unis.

L’ancienne ministre du gouvernement de Tony Blair, Clare Short, revient dans The Independent sur la polémique qu’ont provoqué outre-Manche ses déclarations sur la mise sur écoute de Kofi Annan par les services de renseignement britanniques. Elle réitère ses accusations et rappelle qu’elle les a d’abord prononcées quand on lui a demandé son analyse des écoutes avérées dont ont fait l’objet les bureaux des membres non-permanent du Conseil de sécurité avant la Guerre d’Irak. Elle s’étonne surtout que l’establishment britannique n’ait pas répondu aux accusations et ait détourné la controverse en l’accusant de mettre en danger la sécurité nationale. Dans le même quotidien, Charles Kennedy, le leader du Parti libéral démocrate britannique, revient lui aussi sur cette affaire. Fidèle à sa ligne d’attaque de la politique étrangère du New Labour, il regrette que Tony Blair ne se soit pas prononcé sur la véracité des accusations de son ancienne ministre et dénonce un déni de démocratie. Pour lui, Tony Blair est prisonnier de sa propre décision de suivre George W. Bush plutôt que la volonté du peuple britannique, ce qui le place dans une situation toujours plus inconfortable. Il somme le Premier ministre de s’expliquer devant le Parlement sur sa conduite dans l’affaire irakienne.
Le Royaume-Uni va encore devoir se positionner pour les États-Unis ou pour le reste de l’Europe sur un autre sujet : la conquête spatiale. L’analyste britannique James Wilsdon demande à son gouvernement de choisir entre l’approche européenne qui considère l’espace comme un bien commun et celle des États-Unis qui veut le militariser et en faire un lieu de domination. Dans le Guardian, il revient sur les déclarations de George W. Bush annonçant l’envoi d’un vol habité vers Mars et les rapproche des anciens rapports du Project for a New American Century demandant un abandon des traités prohibant la militarisation de l’espace.

Non sans arrière pensée, l’ancien haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères israélien, Shlomo Avineri, revient dans le Jerusalem Postsur le plan Annan qui vise à la réunification de Chypre avant le 1er mai, date de l’adhésion de la partie grecque à l’Union européenne. Il dénonce une reconnaissance de l’occupation turque et de la déportation des populations grecques qui vivaient dans le nord de l’île et, par là même, un abandon des idéaux de l’ONU et de l’Union européenne. Avineri s’étonne que l’Europe, qui dénonce la colonisation israélienne de la Palestine, reconnaisse les fruits d’une autre colonisation. On notera dans ce dernier argument un rapprochement avec la campagne de communication du gouvernement Sharon présentant comme antisémite toute critique contre Israël qui ne s’exprime pas dans des thèmes similaires pour un autre pays qui aurait une conduite analogue.

Enfin, le journaliste palestinien, Daoud Kuttab revient dans le Jerusalem Post sur le navrant exercice de propagande que constitue le lancement de la chaîne états-unienne en langue arabe Al-hurra. Il s’interroge sur sa capacité à transformer l’opinion arabe au sujet des États-Unis alors qu’il est de notoriété publique qu’elle est financée par l’administration Bush, que le secrétaire d’État siège au conseil d’administration et que les émissions politiques font preuve d’une servilité manifeste à l’égard des responsables en poste à Washington.