Dans une conférence à Harvard, l’ancien Premier ministre français, Lionel Jospin, analyse l’ambivalence des relations franco-états-uniennes. Quelques différences d’appréhension du monde dues à des expériences historiques variées et à la place du religieux expliqueraient des méprises. Mais les deux États seraient d’accord sur l’essentiel. Ce discours lénifiant vise surtout à nier que les États-Unis sont un empire et qu’ils exigent de leurs alliés d’être des vassaux, on ne s’étonnera donc pas que Le Monde en reproduise des extraits avec délectation.
Et puisque les intérêts des uns et des autres concordent, le politologue François Heisbourg appelle les Européens à s’associer au plan des États-Unis pour la démocratisation du « grand Moyen-Orient ». Dans l’International Herald Tribune, il justifie cet effort en maniant les axiomes à la mode : les attentats de Madrid seraient imputables à Al Qaïda qui serait le produit du sous-développement économique et politique du monde arabe. Le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme serait donc de réaliser le projet états-unien pour cette région. La « communication gouvernementale » tient ici lieu d’analyse.

La baronne Shirley Williams tire les conclusions d’une mission parlementaire britannique en Israël/Palestine à laquelle elle a participé au nom des libéraux-démocrates. Elle souligne, dans l’International Herald Tribune, que la politique d’Ariel Sharon n’est que violence, comme le montre encore une fois l’assassinat de cheikh Ahmed Yassine. Mais l’espoir est encore possible quand on observe la vitalité et la volonté de paix des ONG israéliennes et de la population palestinienne.
Moins optimiste, Dennis Ross, qui participa pour les États-Unis aux négociations au Proche-Orient, tire la sonnette d’alarme dans le New York Times. La politique d’Ariel Sharon en général et l’assassinat de cheikh Yassine en particulier relancent la spirale de la violence. Seuls les États-Unis peuvent calmer le jeu. La passivité de l’administration Bush peut être lourde de conséquences.
De son côté, Uri Dromi de l’Israel Democracy Institute justifie aveuglement l’exécution extrajudiciaire de cheikh Yassine dans l’International Herald Tribune. Certes, cela est illégal au regard du droit international, mais ce droit ne permet pas de résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les démocraties. C’était en réalité la seule manière de procéder, comme le firent les États-Unis récemment au Yémen avec un lieutenant d’Al Qaïda.

Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, plaide dans Le Figaro pour que l’on ne cherche pas à créer des « noyaux durs » en Europe, qui ne manqueront pas de se former par la force des choses. L’objectif doit rester d’avancer à 25, tandis que le réalisme contraindra de toute manière à s’en remettre, pour certains sujets, à quelques « États pionniers ».

Enfin, Harvey Feldman de l’Heritage Foundation prend la défense de Chen Sui-ban dans le Los Angeles Times. Pour lui, ceux qui contestent sa réélection à la présidence de Taiwan à une majorité de 0,2% des voix feraient le jeu de la Chine communiste. Il n’en reste pas moins, n’en déplaise à l’auteur, que les quelques irrégularités constatées jettent un doute sur la sincérité d’un résultat aussi serré.