Les Russes ont été remarquablement calmes suite à l’élargissement de l’OTAN, mais ils s’interrogent toujours sur l’utilité aujourd’hui d’une organisation qui a été conçue pour lutter contre l’URSS. Cette question est d’autant plus pressante que les évènements des dernières années indiquent que l’Alliance atlantique cherche à consolider la sécurité mondiale par des moyens militaires.
Pourtant, au Kosovo, la guerre n’a rien résolu ; en Afghanistan, les membres d’Al Qaïda sont simplement partis vers le Proche-Orient ; les Talibans se réarment et l’Irak est devenu un aimant à terroristes. Dans ce dernier pays, 600 soldats états-uniens ont été tués, tout comme 100 soldats d’autres pays de l’OTAN et ne parlons pas des pertes civiles. Les attentats de Madrid peuvent également être vus comme un nouveau maillon de la chaîne de la violence.
La Russie veut coopérer avec l’OTAN et ne se réjouit pas des difficultés rencontrées. Nous travaillons à une défense antimissile de l’Europe en partenariat avec l’alliance et nous travaillons à rendre nos armées compatibles. Nous voulons aller plus loin et participer, comme cela était prévu, à la remise en état du matériel soviétique qui équipe encore certaines armées d’Europe. Les discussions sur ces différents points sont rendues plus difficiles cependant par les extensions répétées de l’OTAN. Aujourd’hui ce sont les pays baltes qui ont rejoint l’alliance et des bases pourraient donc y être déployées. Cela rapprocherait les installations militaires de l’OTAN de la Russie au moment où celle-ci n’a plus beaucoup de forces sur sa frontière occidentale. Cela intervient également au moment où Washington redéploie ses troupes en Europe, les rapprochant de la Russie et après que, lors du sommet de Prague de 2002, l’OTAN s’est elle-même autorisée à mener des opérations hors de son territoire sans préciser qu’un accord de l’ONU serait nécessaire. Toute action sans accord de l’ONU est illégale et nous devons régler nos différends par le dialogue.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« As NATO Grows, So Do Russia’s Worries », par Sergueï Ivanov, New York Times, 7 avril 2004.