Il devient évident que les États-Unis ne parviennent pas à imposer un ordre minimum en Irak, pourtant nécessaire au transfert de pouvoir le 30 juin. La signature par des Irakiens appointés d’un document constitutionnel a été présentée comme l’équivalent de la signature de la constitution américaine de 1787, mais les évènements de Faludja et Nadjaf montrent que ce papier ne vaut rien.
La situation est totalement différente dans le Nord où, bénéficiant de dix ans d’expérience autonome, le Kurdistan a constitué un gouvernement fonctionnel. Compte tenu de la débâcle dans l’Irak arabe, il faut demander pourquoi les États-Unis n’organisent pas un référendum dans la région pour savoir comment les Kurdes veulent être gouvernés. Historiquement, les Kurdes n’ont jamais eu ce droit à l’autodétermination, qui leur a pourtant été promis dès la Première Guerre mondiale. Depuis cette époque, ils ont souffert sous la domination étrangère.
Il y d’évidentes entraves à l’organisation de ce référendum. D’abord, les États-Unis n’ont pas le mandat pour le faire, mais c’est également vrai pour le reste de l’Irak. Ensuite, il y a les objections turques, et dans une moindre mesure iraniennes et syriennes. Mais d’un point de vue du droit international, quel droit a la Turquie de dicter sa conduite à un autre État ? En outre, si Ankara montrait un peu de respect à sa minorité kurde, l’opposition au gouvernement turc diminuerait.
Récemment, on a reconnu aux Chypriotes le droit de décider de leur avenir, pourquoi ne pas faire de même avec le Kurdistan ? Un tel vote montrerait en outre aux sunnites et aux chiites que c’est leur violence qui est en train de démembrer l’Irak.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« A referendum for Kurdistan », par Shlomo Avineri, Jerusalem Post, 6 mai 2004.