En affirmant que les crimes commis par les États-Unis dans les prisons irakiennes sont une aberration vis-à-vis des valeurs états-uniennes, George W. Bush ne voit pas qu’il s’agit du summum de son propre endoctrinement. En fait, beaucoup dans le monde arabe ne furent pas si choqués que ça de ces tortures car elles entrent dans la logique des déclarations du président états-unien.
Après le 11 septembre, Ben Laden fut recherché « mort ou vif », mais suite au fiasco de sa traque, George W. Bush présenta Saddam Hussein comme le nouvel ennemi public et il présenta la Guerre d’Irak comme une bataille de la guerre au terrorisme. Ce faisant, il étendit la définition du mot « terroriste » à un tel point que les soldats états-uniens en Irak ont dû se croire en droit de s’attaquer à tous les Irakiens, déjà largement déshumanisés dans les discours.
Mais la diabolisation des Arabes n’a pas commencé avec Bush. Le cinéma états-unien est riche de films où les Arabes sont intrinsèquement mauvais. Il s’agit d’une vision fantasmée du monde arabe qui a aidé l’Occident à se construire en opposition d’après Edward Saïd, une tendance qu’on retrouve dans toute l’école « orientaliste » au XIXième siècle. L’Occident ne se souvient pas que sa civilisation est née en Mésopotamie, il y a 5000 ans. Il est donc faux de dire que les tortures d’Arabes irakiens ne reflètent pas l’Amérique, elles sont au contraire la conséquence extrême de l’endoctrinement anti-arabe.

Source
The Age (Australie)

« To Bush, the Arab is always the villain », par Joseph Wakim, The Age, 11 mai 2004.