Il y a quelques bonnes choses à tirer de la mauvaise nouvelle qu’a été l’adoption par la Chambre des représentants du Palestinian Anti-terrorism Act. Cette loi a été présentée par ses partisans comme une loi anti-Hamas, mais ses modalités vont bien plus loin : elle place tout financement de l’aide aux Palestiniens sous de tels contraintes qu’elle marque la fin de facto de nombreux programmes de secours. Elle rend quasi-impossible l’obtention d’un visa pour toute personne travaillant avec l’Autorité palestinienne, même s’il n’est pas membre du Hamas. Elle vise à la fermeture du bureau de l’OLP à Washington et limite les possibilités d’action de cette organisation à l’ONU. On peut s’attendre à ce que l’AIPAC, qui est derrière cette loi, cherche à aller encore plus loin dans l’avenir. Il est paradoxalement amusant de constater qu’au moment où l’AIPAC fait cette démonstration de force, elle mène campagne pour accuser d’antisémitisme tous ceux qui dénoncent son influence.
Voilà pour les mauvaises nouvelles. Les bonnes à retirer de ce triste épisode portent sur le fait que cette démonstration de force a créé un débat inhabituel à Washington. Certains redoutent le tort qu’elle fera à la diplomatie états-unienne ou aux Palestiniens ou regrettent le message qu’elle envoie aux Palestiniens modérés. Une des parlementaires qui a voté contre cette loi a dénoncé l’attitude de l’AIPAC qui, en retour, l’a présentée comme une partisanne du terrorisme. Elle a prévenu qu’elle ne recevrait plus un seul lobbyiste de cette organisation tant qu’elle n’aurait pas obtenue des excuses.
La loi est contestée par les Arabes états-uniens, mais aussi par trois organisations juives, par les évêques catholiques et une coalition d’Églises catholique, orthodoxes et protestantes. Face à ce mouvement, le Sénat va sans doute limiter la portée de ce texte, même s’il ne le supprimera malheureusement pas.

Source
Gulf News (Émirats arabes unis)
Gulf News est le principal quotidien consacré à l’ensemble du Golfe arabo-persique, diffusé à plus de 90 000 exemplaires. Rédigé à Dubaï en langue anglaise, il est principalement lu par la trés importante communauté étrangère vivant dans la région.

« A bit of good news from the US Congress », par James Zogby, Gulf News, 29 mai 2006.