Excluant qu’il puisse s’agir d’un acte de désespoir, le vice secrétaire d’État chargée des questions de relations publiques, Colleen Graffy, a déclaré que le suicide de trois hommes dans la prison de Guantanamo était une opération de relations publiques pour attirer l’attention. A la croire, bien que cela fasse des années qu’ils sont détenus sans perspective de quitter la prison, ils ont mis fin à leurs jours simplement pour mettre la Maison-Blanche dans l’embarras. Le contre-amiral Harry Harris, commandant du goulag américain, a présenté ces suicides comme un acte de guerre.
Après tout, pourquoi ne pas maltraiter ces détenus, ne sont-ils pas extrêmement dangereux ? Certes, seuls dix ont été inculpés mais la pieuse et omnisciente administration Bush, guide du monde libre, ne peut pas s’être trompée. Toutefois, cela dépend de la couleur de leurs passeports. Ainsi, il n’y a plus de Britanniques à Guantanamo, mais les résidents britanniques n’ayant pas la nationalité demeurent des individus dangereux puisqu’ils sont toujours emprisonnés. De même, le « taliban américain » John Walker Lindh a été jugé. Il est Américain, donc il s’est égaré, il n’est pas intrinsèquement dangereux comme les autres.
Il semble que les morts ont réveillé quelque peu les alliés des États-Unis. Ainsi, le ministère de l’Intérieur d’Arabie saoudite a réclamé le retour au pays de tous ses ressortissants pour qu’ils y soient jugés. Les organisations saoudiennes et yéménites de défense des Droits de l’homme sont également mobilisées. Peut-être que cela aidera les détenus de Guantanamo, mais il ne faut pas perdre de vue que cette prison n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il y a 600 détenus à Bagram et peut-être des milliers dans des prisons secrètes partout dans le monde.

Source
Gulf News (Émirats arabes unis)
Gulf News est le principal quotidien consacré à l’ensemble du Golfe arabo-persique, diffusé à plus de 90 000 exemplaires. Rédigé à Dubaï en langue anglaise, il est principalement lu par la trés importante communauté étrangère vivant dans la région.

« Suicides are merely the tip of the iceberg », par Linda S. Heard, Gulf News, 13 juin 2006.