Me Alan M. Dershowitz plaide dans le Jerusalem Post contre le prince régent Abdallah d’Arabie saoudite. Il l’accuse de développer l’antisémitisme dans son pays pour protéger les membres de la famille royale impliqués avec les terroristes d’Al Qaïda. Ce faisant, il commet une grave erreur stratégique : jusqu’à présent, la presse occidentale rapportait en les caviardant les propos du prince et l’opinion publique ignorait leur véritable teneur. En les révélant, Me Dershowitz ne peut que susciter le soupçon de manipulation médiatique et développer l’incrédulité. Les agences de presse atlantistes se sont appliquées jusqu’ici à indiquer qu’Abdallah avait dénoncé la main d’Al Qaïda derrière les attentats et émeutes qui viennent de secouer le royaume. Elles se sont bien gardées d’indiquer que le régent avait explicitement déclaré que, selon ses informations, fiables à 99 %, Al Qaïda n’est pas une organisation islamiste, mais une manipulation du Mossad. Certains de ses conseillers ont complété le message en indiquant que le Mossad agissait ici en sous-traitance de la CIA.

Reuel Marc Gerecht du Projet pour un nouveau siècle américain se félicite dans le New York Times de l’amélioration de la situation en Irak depuis le transfert de « souveraineté ». Selon lui, le nouveau gouvernement est sur le point de régler la question des anciens ba’asistes et ne devra bientôt affronter que les seuls extrémistes sunnites. Cette analyse se fonde sur l’axiome implicite que les contacts secrets entre Washington et Téhéran ont porté leurs fruits et que les chiites irakiens vont rentrer dans le rang. C’est peut-être aller un peu vite en besogne.

Ancien porte-parole du gouvernement de Tel-Aviv, Michael Freund dénonce dans le Jerusalem Post la violence, selon lui unilatérale, des Palestiniens et en rend responsable le général Ariel Sharon. Le Premier ministre aurait failli à sa mission de détruire les accords d’Oslo et de démanteler l’Autorité palestinienne. Il faut donc le démettre, conclut-il. M. Sharon avait déjà été débordé sur son extrême extrême droite lors du congrès de son parti. Il pourrait l’être aux élections. Son départ profiterait alors à plus radical que lui : Benjamin Netanyahu, dont M. Freund est précisément le porte-parole.

Le Washington Post confronte deux points de vue sur les nouvelles règles d’immigration aux États-Unis. Pour le sénateur John Kyl, depuis le 11 septembre, la sécurité intérieure exige que l’on renforce les procédures de contrôle et qu’on limite l’immigration. Particulièrement en ce qui concerne l’immigration des pays musulmans, et surtout les Saoudiens. Au contraire, pour Marlene M. Johnson, directrice de la NAFSA, la sécurité des États-Unis exige que l’on combatte les préjugés anti-américains en favorisant les échanges internationaux, notamment universitaires. Il faut donc assouplir les règles d’immigration. D’un point de vue extérieur, on observera que les deux protagonistes prétendent fonder leur opinion sur le choc du 11 septembre, alors que, l’un et l’autre, les défendaient avant cette date. Sans préjuger de la pertinence des arguments échangés, force est de constater qu’ils ne sont que des prétextes pour justifier de positions antérieures. C’est bien pourquoi le Washington Post a sollicité ces deux auteurs. Jon Kyl est, au Sénat, le leader de l’extrême droite raciste et xénophobe (Bush avait d’ailleurs envisagé pour cela de le prendre comme vice-président à la place de Cheney dont la santé est difficile). Il a souvent proposé d’accroître les pouvoirs des gardes-frontières, de créer une base de donnée centralisée de toutes les informations disponibles sur les étrangers, et d’interdire le regroupement familial. Quant à la NAFSA, c’est une association d’intellectuels qui préconisait déjà les échanges internationaux pendant la Guerre froide.

Enfin, Libération publie deux points de vue contradictoires de socialistes sur le projet de Traité constitutionnel européen. Les intervenants ont en commun d’attendre un développement social de l’Union européenne et de ne pas le trouver dans le projet. Pour Béatrice Marre, ancienne directrice de cabinet du président Mitterrand, le mieux est l’ennemi du bien. Si ce texte est insuffisant, il n’en constitue pas moins un progrès, et doit donc être ratifié. Au contraire, pour Christian Paul, ancien secrétaire d’État, non seulement le projet ne répond pas aux attentes sociales, mais il institutionnalise une idéologie de la déréglementation sociale. Il faut donc le rejeter. Fort étrangement, les deux contradicteurs analysent ce projet sur le plan social sans discuter l’architecture institutionnelle qu’il contient.