Jeune garçon, j’adorais le drapeau américain, récitais le serment d’allégeance ou chantais l’hymne national. J’avais gagné un prix pour un essai sur le drapeau et je devins un scout promettant de faire mon devoir envers Dieu et mon pays. Tous les ans, je demandais de planter moi-même le drapeau sur la tombe de mon oncle mort au combat pendant la Seconde Guerre mondiale et j’espérais être inspiré par son exemple.
Plus tard, les choses ont changé quand neuf de mes camarades d’écoles sont revenus du Vietnam dans une boîte. J’ai alors compris qu’ils n’étaient pas morts pour leur pays mais pour des gens qui leur mentaient et j’ai arrêté de chanter l’hymne national. Je n’aurais pas dû. Trop longtemps, nous avons abandonné notre drapeau à ceux qui en ont fait un symbole de domination, de guerre et un moyen de contrer les dissidents à l’intérieur du pays. Le drapeau est devenu une arme contre ceux qui s’interrogent sur le chemin pris par l’Amérique, un bâillon contre ceux qui posent des questions.
Ceux qui aiment ce pays doivent redéfinir ce que signifie être fier d’être américain. On ne peut être fier quand on voit nos millions d’enfants pauvres, d’illettrés, de bas salaires. Le monde nous soutenait après le 11 septembre mais aujourd’hui il n’a plus que du dédain pour nous. Trois milliards d’humain n’ont pas accès à l’eau potable alors que nous disposons des compétences techniques et des moyens pour y remédier. Notre président mène des guerres qui n’ont rien à voir avec de la légitime défense. En envoyant des soldats qui se sont engagés à défendre notre liberté se battre dans cette guerre, nous les avons trahis, envoyés mourir pour de mauvaises raisons. Ils méritent des excuses. Nous devons créer un monde ou notre drapeau représentera la paix.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« The Patriot’s Act », par Michael Moore, Los Angeles Times, 4 juillet 2004.