Les Américains ont soutenu la guerre non pas parce que Saddam Hussein était un dictateur maléfique, mais parce qu’ils pensaient que Saddam pourrait donner ses armes de destructions massives à Al Qaïda. En absence de toute preuve venant valider cette théorie, on peut se demander comment l’administration Bush est parvenue à défendre cette idée. À l’origine de cette guerre, on trouve l’American Enterprise Institute, où est née l’idée de renverser Saddam Hussein. Parmi ses membres, on trouve Richard Perle et Paul Wolfowitz, mais aucun de ces deux hommes n’étant spécialiste de l’Irak, ils se sont tournés vers Laurie Mylroie.
Laurie Mylroie est un ancien thuriféraire de Saddam Hussein dans les années 80, qui changé son fusil d’épaule après l’invasion du Koweït, puis fait du lien entre Saddam Hussein et les réseaux terroristes son obsession. Laurie Mylroie est persuadée que Saddam Hussein est derrière tous les attentats qui touchent le sol américain, de l’attentat d’Oklahoma City au 11 septembre. C’est une conspirationniste, mais ses amis néo-conservateurs croient en ses théories et vantent ses ouvrages. Cela explique certaines prises de positions de Perle et Wolfowitz après le 11 septembre.
La plus grande enquête criminelle de l’histoire après le 11 septembre n’a pas donné le moindre élément permettant de relier l’Irak aux attentats, mais cela n’empêche pas Mylroie de continuer à chercher le cerveau des attentats en Irak, tout comme pour l’attentat de 1993 contre le World Trade Center. Elle refuse les arguments de ceux qui lui disent qu’il n’y a pas de preuves en affirmant que c’est la propagande du département d’État et de la CIA, qui veulent mettre fin à la guerre au terrorisme. Quand j’ai dû débattre avec elle, elle a fait son numéro habituel, lançant des affirmations alarmistes qui ne sont aucunement étayées et qui seront démenties comme toutes les autres.
Aujourd’hui, elle affirme qu’elle est fière que les États-Unis aient fait la guerre en Irak et que le reste est "du détail ".

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Did one woman’s obsession take America to war ? », par Peter Bergen, The Guardian, 4 juillet 2004.