Les mouvements anti-occupation laïcs et islamiques en Irak sont en train de se rassembler autour de Moqtada al-Sadr. Le Congrès de la fondation nationale a adopté un plan en huit points, déjà approuvé par Sadr, pour mettre fin pacifiquement à la crise à Nadjaf. Compte tenu des derniers développements, il est intéressant de se pencher sur la personnalité de Sadr lui-même.
Il a 31 ans et son titre entier précise que son lignage trouve son origine chez le prophète Mahomet. Son père a été assassiné en 1999 par Saddam alors qu’il était en train de développer ses soutiens dans les milieux sunnites et chez les pauvres. Auparavant, en 1980, son oncle et sa tante, furent torturé à mort pour leur activité politique par le régime de Bagdad. La légende veut que les deux aient été abattus après leurs tortures par Saddam Hussein lui-même. Sadr rappelle souvent cet héritage et l’action de sa famille dans la révolte de 1920 contre les Britanniques.
Quand, en avril, les États-Unis ont décidé de le capturer " Mort ou Vif ", il a décidé de résister. Comme son père avant lui, il arbore la tunique blanche des martyrs. Les patriotes militants commencent à lui faire confiance malgré l’inexpérience qu’on lui prête car son insoumission est respectée en Irak. Les chiites, en temps calme, aiment les figures sages et mesurées, mais aujourd’hui les portraits de Sistani sont remplacés par ceux de Sadr, de son père, de son oncle, de Khomeini ou de Nasrallah, le dirigeant du Hezbollah. Comme ce dernier, Sadr est en train de s’ouvrir aux autres groupes irakiens et tisse des liens avec les différentes communautés. George W. Bush et Tony Blair ne font que s’approcher du volcan irakien et rien hormis le retrait ne pourra l’empêcher d’exploser.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

" There’s more to Sadr than meets the eye ", par Sami Ramadani, The Guardian, 24 août 2004.