Les délégués du New Labour sont dans une situation rare. Ils ont la possibilité d’influencer le cours de l’Histoire en répondant à cette question lors du congrès travailliste : la Grande Bretagne va-t-elle suivre la politique de W. Bush ou s’en désolidariser et donner aux Irakiens une chance de déterminer leur avenir ? Malheureusement, les délégués vont sans doute voter la poursuite de l’occupation de mon pays de naissance pour sauver la peau politique de Tony Blair.
Aujourd’hui, il y a deux guerres d’Irak : une en Irak avec des armes, une autre en Grande Bretagne et aux États-Unis. Cette dernière est une guerre de propagande dans laquelle les bombardements des États-Unis ne font pas les gros titres, mais où les exécutions d’otage sont en première page et présentées comme le vrai visage de la résistance irakienne. Les souffrances humaines sont cachées et les bombardements sont présentés comme une nécessité contre les « partisans de Zarkaoui ». Pourtant, la vaste majorité des Irakiens et de la résistance rejette Zarkaoui. Beaucoup soupçonnent même les forces d’occupation d’encourager Zarkaoui ou de le laisser faire pour masquer le fait que les Irakiens soutiennent aujourd’hui un mouvement de résistance populaire et patriotique.
Les forces d’occupation ont admis avoir subis 2700 attaques en Irak, 6 sont attribués à Zarkaoui, mais ce sont elles qui font les gros titres. Avant la guerre, 25 millions de personnes ont été réduites à une menace d’armes de destruction massive utilisables en 45 minutes, aujourd’hui, un mouvement de résistance est réduit à un bandit. Dans le même temps on met en prison les syndicalistes, tandis que L. Paul Bremer et Iyad Allaoui ont réintroduit les lois de Saddam Hussein interdisant les grèves dans la fonction publique.
Bien sûr, le congrès du New Labour n’entendra rien de tout ça. Les déformations de la réalité aident à garder bonne conscience et à affirmer qu’on sauve les Irakiens de Zarkaoui. Si le New Labour demandait le retrait des troupes britanniques d’Irak, l’impact sur les États-Unis serait immense. Si les délégués travaillistes refusent de saisir cette opportunité, nous en paierons tous le prix.
« The true face of Iraqi resistance », par Sami Ramadani, The Guardian, 30 septembre 2004.
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