Le 4 septembre 1967, le New York Times écrivait un article qui se félicitait de la forte participation des Vietnamiens à l’élection organisée par le régime fantoche mis en place au Sud-Vietnam par Washington « malgré la campagne terroriste du Vietcong » et y voyait un encouragement à l’action des États-Unis. La propagande de ce week-end fait écho à celle de l’époque.
On pourrait croire que le 30 janvier 2005, l’occupation états-unienne a pris fin et que la population a gagné sa liberté et ses droits démocratiques, mais comment un élection pourrait-elle être démocratique sous la loi martiale, sous occupation étrangère et avec une commission électorale mise en place par l’occupant ? La deuxième tromperie du week-end a été la participation, d’abord annoncée à 72 % puis 57 %, mais l’ambassadeur irakien à Londres est incapable de me dire la part de la population inscrite sur les listes électorales. À titre de comparaison, notons que, selon l’ONU, sur les quatre millions d’Irakiens exilés, seuls 280 000 se sont inscrits et 265 000 ont voté.
Le Sud, a répondu à l’appel de Sistani qui a présenté l’élection comme un premier pas vers la fin de l’occupation, mais cette promesse va être soumise à un test dans les prochains mois. Moqtada Sadr, qui avait présenté cette élection comme une mascarade, pourrait bien faire un retour en force. Au Nord, les Kurdes se prononcent majoritairement pour l’autodétermination alors même qu’Henry Kissinger propose la division du pays en trois États.
George W. Bush et Tony Blair veulent faire croire que les Irakiens ont voté pour approuver l’occupation et les États-Unis construisent de grandes bases militaires, ce qui laisse penser qu’ils sont prêts à rester longtemps en s’appuyant sur des gouvernements fantoches. Les médias ont présenté une confrontation entre Zarkawi et les Irakiens voulant voter avec une Coalition qui protègerait ces derniers, mais en réalité, la violence de Zarkawi est condamnée par l’ensemble du spectre politique irakien, y compris les milieux proches de la Résistance. Les Irakiens pensent que la Coalition le laisse agir pour animer les tensions et divisions en Irak.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« The Vietnam turnout was good as well », par Sami Ramadani, The Guardian, 1er février 2005.