La représentante Ileana Ros-Lehtinen peste dans le Jerusalem Post contre les Européens, l’Assemblée générale de l’ONU et la Cour internationale de La Haye qui nient le droit des nations à se défendre, celui des États-Unis à mener la guerre au terrorisme et celui d’Israël de construire le Mur de séparation. Les imprécations de l’égérie républicaine manifestent le conflit persistant entre deux conceptions de droit. Pour les Européens et la majorité de la communauté internationale, les États sont des sujets de droit égaux qui doivent accepter de faire arbitrer leurs litiges ; pour les États d’élection divine, tels que se pensent les États-Unis et Israël, leurs propres intérêts de sécurité nationale l’emportent sur les droits des autres.
Sur place, on se débat avec des problèmes concrets : Mohammed El-Samhouri, conseiller du gouvernement palestinien, se réjouit dans l’International Herald Tribune des initiatives de la Banque mondiale pour remédier à la détresse économique des populations palestiniennes causée par le Mur de séparation. Mais, il souligne que ces efforts, aussi louables soient-ils, visent à résoudre les conséquences économiques d’un problème politique qu’ils occultent. Il ne faudrait pas que l’aide internationale se transforme en une approbation tacite d’une situation de fait.
Le négociateur palestinien Saeb Erekat se réjouit dans le Guardian des excellentes déclarations de Jack Straw condamnant l’extension des colonies israéliennes. Mais il se demande à quel moment les déclarations des Européens dépasseront le stade des belles paroles pour se transformer en actes.
Enfin, le négociateur Yossi Beilin relève dans le Jerusalem Post une récente déclaration d’Ariel Sharon qui révèle les véritables intentions du Premier ministre. Il a demandé à ses ministres de ne plus évoquer la « feuille de route ». Ce qui montre, a posteriori, que le retrait unilatéral de Gaza n’a rien à voir avec le plan du Quatuor.

Gerard Henderson, ancien directeur de cabinet du Premier ministre australien, stigmatise dans The Age les propos de la nouvelle secrétaire générale d’Amnesty Internationale. Irene Khan, dont il n’est pas besoin de préciser qu’elle est une femme, asiatique et musulmane, s’est permise de mettre en cause les États de la Coalition au lieu de dénoncer les terroristes et les États voyous. Mais l’attentat de Jakarta rappelle à tous, y compris à Amnesty, l’existence de la menace terroriste. Cependant, contrairement à ce qu’écrit M. Henderson, Mme Khan ne se situe pas dans une optique pacifiste et irresponsable. Elle observe simplement la disproportion entre les crimes des États et ceux des terroristes. Cela aussi nous est rappelé par l’attentat de Jakarta.

Mark Brzezinski et Eric Rosenbach comparent la méthode Clinton en Bosnie et celle de Bush en Irak. Ils soulignent dans l’International Herald Tribune que le recours à une ample coalition internationale en Bosnie a légitimé la présence de forces de maintien de la paix, tandis que l’absence de soutien international en Irak désigne les GI’s comme des occupants. De même, l’encadrement des anciens combattants bosniaques au sein d’une armée fantôme a contribué à les stabiliser, tandis que le licenciement des forces de Saddam Hussein en Irak a jeté des combattants dans la rue.

Morton Abrahamowitz et Samantha Power, qui multiplient les interventions publiques au nom de True Majority, dénoncent l’incurie du Conseil de sécurité face au génocide du Darfour. Ils plaident donc dans le Washington Post pour que les États en général (et les États-Unis en particulier) prennent leurs responsabilités et interviennent. Ce faisant, ils reprennent une rhétorique élaborée lors de la guerre du Kosovo, celle de la « guerre humanitaire » entreprise unilatéralement après constat de la carence onusienne.
Le lecteur se souvient que Bill Clinton avait évoqué au Congrès un génocide au Kosovo ayant déjà fait « 300 000 morts » avant de lancer l’offensive de l’OTAN. Quatre ans plus tard, le Tribunal pénal international a ramené cette « estimation » à environ 3 000 morts. Au vu de cette expérience, est-on bien sûr qu’il y ait un génocide au Darfour ?
En vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, ce qualificatif juridique enclenche une intervention internationale, note dans Le Monde le docteur Jean-Hervé Bradol, président de Médecins sans frontières. C’est pourquoi il convient aussi bien aux États-Unis, qui lorgnent sur cette région, qu’aux associations humanitaires qui justifient ainsi leur ingérence. Par ailleurs, « génocide » fait référence à la destruction volontaire d’un groupe déterminé de population, par opposition aux victimes indéterminées d’une guerre. Dans le cas du Darfour, utiliser ce terme valide l’analyse d’un affrontement entre Arabes et Noirs. C’est pourquoi il convient aux États-Unis et à certains Soudanais, qui tous ont une culture historiquement issue de l’esclavagisme. C’est ainsi que les uns et les autres en viennent à manier à tort le mot « génocide ».