Les développements sur la scène palestinienne suscitent l’intérêt et l’inquiétude des milieux politiques et médiatiques arabes. Il est clair que les fortes pressions états-uniennes empêchent toute médiation arabe entre l’Autorité palestinienne et le Mouvement Hamas visant à relancer le dialogue entre les deux parties. Même l’Égypte, qui s’est pourtant distinguée par son appel au dialogue, et l’Arabie saoudite, qui a la responsabilité morale et politique de sauver l’accord inter-palestinien de la Mecque, s’abstiennent de toute initiative. Les États-Unis insistent auprès de ces deux pays afin de ne pas intervenir pour qu’Israël puisse exploiter au maximum les dissensions inter-palestiniennes dans le but de resserrer l’étau sur la résistance palestinienne et en finir une fois pour toute avec ce phénomène qui dure depuis des décennies. C’est ainsi que l’armée israélienne poursuit ses incursions et ses opérations allant de l’arrestation de militants à l’assassinat de résistants, aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie.
La secrétaire d’Etat Condoleezza Rice est attendue dans la région pour tenir des réunions avec les ministres des Affaires étrangères des pays arabes dits « modérés » et les chefs des services de renseignements de ces États, dans le cadre de la structure quadripartite arabe (Égypte, Jordanie, Émirats arabes unis et Autorité palestinienne), créée au lendemain de la guerre israélienne contre le Liban de l’été 2006. Mme Rice n’est porteuse d’aucune initiative politique, mais d’exigences purement sécuritaires. Chaque pays devra s’engager à remplir le rôle qui lui est dévolu sur la scène palestinienne, même si cela risque de conduire à un nouveau round de combats entre les services de sécurité de Mahmoud Abbas et le Hamas.

Presse et agences arabes internationales

• La presse et les agences arabes ont souligné que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est déterminé à organiser des élections législatives anticipées. « Je vais demander l’accord du conseil central de l’OLP (CCOLP) en vue de promulguer des décrets convoquant des élections présidentielle et législative anticipées », a-t-il dit dans une allocution à l’ouverture de la réunion du CCOLP à Ramallah. Dans son allocution, M. Abbas, chef du Fatah s’en est violemment pris au Hamas, dénonçant comme un « énorme crime » le « putsch » commis selon lui à la mi-juin par le mouvement islamiste et « ses gangs et milices » dans la bande de Gaza.
Il a répété son refus de tout dialogue avec le Hamas. « Il n’y aura pas de dialogue avec les putschistes », a-t-il lancé. « À ce jour, ils commettent crime après crime et meurtre après meurtre contre les fils de notre peuple. Ils n’ont pas commis de tels actes contre l’occupation mais ils l’ont fait contre leurs compatriotes », a-t-il affirmé.
Selon lui, le Hamas « utilise la religion pour couvrir ses crimes alors qu’ils n’ont rien à voir avec la religion ». « Ils profèrent des mensonges dignes du diable », a-t-il accusé. « Ils ont creusé leur tombe de leurs propres mains », a dit M. Abbas.

• Le quotidien saoudien Al-Charq Al-Awsat a cité le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, qui a rejeté l’organisation de toute élection anticipée dans les territoires palestiniens. Un autre porte-parole du mouvement, Ayman Taha a réagi dans le même sens : « Nous refusons des élections anticipées auxquelles appelle une partie qui n’est pas habilitée à le faire et un conseil central de (l’OLP) illégitime », a-t-il dit à l’AFP.

• La presse israélienne a longuement commenté et analysé le discours du président syrien Bachar al-Assad. Le Yediot Aharonot a cité des milieux du cabinet du Premier ministre Ehud Olmert qui ont qualifié l’allocution du chef de l’État syrien de « discours des négations ». Les analystes israéliens ont soupçonné le président Assad d’avoir parlé de paix pour améliorer l’image de la Syrie en Europe et en Amérique du Nord sans vouloir vraiment négocier. « Il a posé toute une série de conditions préalables à des négociations qui sont inacceptables », a affirmé à l’AFP une responsable du bureau d’Olmert.
Dans ce même contexte, l’agence de presse britannique Reuters a indiqué que l’État hébreu avait posé comme condition à toute reprise des négociations avec la Syrie la rupture des relations entre Damas et Téhéran.
De son côté, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Marc Regev, a déclaré que « les Syriens utilisent la carte israélienne pour améliorer leur situation dans le monde sans manifester une réelle volonté de rapprochement et de paix avec Israël ».
Le porte-parole a également déploré « la poursuite de la collaboration entre la Syrie et le régime extrémiste iranien ainsi les mouvements islamistes tels que le Hamas, le Jihad Islamique et le Hezbollah ».
Marc Regev a rappelé que le Premier ministre israélien Ehud Olmert avait, le 9 juillet, invité le président syrien à venir négocier directement avec lui « partout où il le voudra », lors d’un entretien à la chaîne satellitaire saoudienne Al-Arabiya.
Le président syrien avait appelé mardi les dirigeants israéliens à « proclamer d’une manière officielle et claire » leur volonté de paix, dans un discours prononcé devant le Parlement pour le début de son second mandat.

HAARETZ (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
• Des sources militaires et sécuritaires israéliennes ont revu à la hausse les risques de déclenchement d’une guerre cet été. Yoïl Marcos a défini trois scénarios :
1) une attaque conjointe du Hezbollah, de la Syrie et de l’Iran.
2) Même scénario mais en plus, le Hamas qui entre en jeu.
3) La Syrie lance une attaque éclair dans le but de libérer les hauteurs du Golan occupé.
Selon les détails du deuxième scénario, le Hezbollah lance une offensive appuyée par des tirs syriens de missiles modernes de longue portée.
Par ailleurs, le Premier ministre israélien Ehud Olmert est sévèrement critiqué pour ses manquements « intolérables » dans la protection des civils durant la dernière guerre au Liban dans un nouveau rapport officiel publié mercredi.
Ce document de 582 pages, rédigé par le contrôleur de l’État Micha Lindenstrauss, a été remis à la présidente de la Knesset (Parlement), Dalia Yitzik.
« Le Premier ministre Ehud Olmert, l’ancien ministre de la Défense Amir Peretz (...) ont tous gravement échoué dans les prises de décisions, leurs évaluations et leur gestion de la défense passive durant la guerre du Liban » de 2006, indique ce rapport rédigé par l’institution chargée de superviser le fonctionnement des institutions publiques.
Micha Lindenstrauss critique le gouvernement, l’armée, les pompiers, et les systèmes de santé pour les graves carences apparues dans la protection de la population civile.
Il met directement en cause la responsabilité d’Ehud Olmert, mais aussi celles du ministre travailliste de la Défense de l’époque Amir Peretz, du chef d’état major au moment de la guerre, le général Dan Halutz, ainsi que du commandant de la défense passive, le général Yitzhak Gershon.
« Les dirigeants du pays ont consacré la plus grande partie de leur temps aux efforts de guerre », et non à l’arrière qui a été la cible d’attaques intensives dès le début du conflit », écrit M. Lindenstrauss.
Il relève encore que « l’impréparation de l’arrière à une situation d’urgence est le résultat de la négligence des gouvernements successifs (...). Dans la plupart des cas, les solutions ont été partielles, inadéquates et tardives ».

• Le même journal cite des sources diplomatiques selon lesquelles un topographe des Nations unies, chargé de délimiter les frontières des fermes de Chebaa, occupées par Israël et revendiquées par le Liban, a estimé de 20 à 40 kilomètres carrés la superficie de ces hameaux, alors que celle du Mont Hermon s’élève à 70 km2. Chebaa est située sur le flanc de cette montagne. Ce topographe connaît bien la région depuis l’an 2000, lorsque la Ligne bleue a été tracée.

• La presse arabe a rapporté que le président du Pakistan Pervez Musharraf a promis de livrer une guerre « frontale » aux fondamentalistes musulmans. Le chef de l’État, également chef de l’armée, s’est cependant contenté d’annoncer l’envoi, avant la fin de l’année, de quelque 30 000 policiers et para-militaires dans ces zones tribales, en renfort des 80 000 à 90 000 hommes déjà présents.
Mais il a exclu d’imposer l’état d’urgence ou de suspendre le processus électoral qui prévoit des législatives fin 2007 ou début 2008, comme la rumeur persistante, le laissait entendre. « Nous sommes dans un combat frontal direct, c’est désormais les modérés contre les extrémistes », a déclaré le chef de l’État devant les journalistes pakistanais.
« Nous avons une bonne idée de qui est derrière tout cela (...), nous devons nous attaquer à ceux qui organisent » ces attentats, a ajouté, sans plus de précision, le général Musharraf, au pouvoir depuis un coup d’État en 1999.

Audiovisuel arabe

AL-ALAM (TELEVISION IRANIENNE ARABOPHONE)
Programme : Sous les projecteurs
Invité : Elias Mrad, président de la Fédération des journalistes arabes (Damas)
L’administration états-unienne essuie échec sur échec dans la région du Moyen-Orient. Elle a échoué en Irak, n’a pas réussi à vaincre en Palestine et a été vaincue au Liban après la déroute de l’armée israélienne.
Ces échecs ont poussé Washington à convoquer une conférence de paix au Moyen-Orient.

Tendances et évènements au Liban

Les milieux politiques et médiatiques libanais ont suivi de près la visite à Damas de l’émissaire français Jean-Claude Cousseran, qui a été inégalement perçue et interprétée. Il est intéressant de noter, à cet égard, que le quotidien Al-Moustaqbal (qui appartient à la famille Hariri) a titré en « Une » sur huit colonnes que « Cousseran n’ira pas à Damas », alors que l’émissaire français était déjà arrivé dans la capitale syrienne où il a passé la nuit après avoir rencontré le vice-président syrien Farouk Chareh et le ministre des Affaires étrangères, Walid Moallem. Le journal a cité des « sources françaises » qui sont apparues très mal informées !
Cette mésaventure traduit l’amertume de ce courant politique qui mise jusqu’au bout sur l’isolement de la Syrie et croit que les pays occidentaux, notamment la France, sont là pour servir ses étroits intérêts politiques, comme à l’époque du mandat de Jacques Chirac.
Même si diverses sources ont relativisé l’importance des résultats des entretiens de Cousseran à Damas, cet épisode rappelle aux Libanais le climat des années 80 du siècle dernier, qui ont connu un changement dramatiques et fondamental dans les relations entre Damas et l’Occident, après de longues années de pressions et de menaces occidentales en général, qui ont accompagné l’invasion israélienne de 1982. À cette époque, les États-uniens et les Européens ont tenté de mettre en place, au Liban, un régime qui leur est inféodé, dirigé par Amine Gemayel. Ils ont aussi tenté d’utiliser ce pays comme base de départ pour déstabiliser la Syrie. Mais toutes ces tentatives ont échouées et ils ont finalement été contraints de s’asseoir à une même table avec les dirigeants syriens, après avoir réalisé qu’eux seuls pouvaient empêcher le chaos généralisé. C’est un peu la même chose qui se reproduit aujourd’hui. Après avoir tenté d’isoler la Syrie, de l’intimider et de la menacer, l’Occident veut maintenant lui parler.

Résumés d’articles relatifs au Liban

La presse libanaise, toutes tendances confondues, a accordé une place de choix à la visite de Jean-Claude Cousseran à Damas.

AN-NAHAR (PROCHE DU 14-MARS)
Les entretiens de Jean-Claude Cousseran en Syrie ont brisé la glace qui paralysait les relations entre Paris et Damas depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, en février 2005. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a qualifié cette visite « de démarche sur la voie de la normalisation » des relations bilatérales. Washington, elle, s’est montré sceptique quant à l’utilité de cette démarche.

• Les journaux libanais ont rapporté la déclaration de Jean-Claude Cousseran après sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères syrien, Walid Moallem : « M. Moallem est d’accord que l’initiative française a aidé à la relance du dialogue entre les Libanais ».
L’agence de presse syrienne Sana, a de son côté indiqué que M. Moallem a exprimé lors de ses entretiens le soutien de la Syrie à tout ce qui fait unanimité chez les Libanais. Il a ajouté que son pays était disposé à déployer tous les efforts nécessaires pour faciliter un accord entre les parties libanaises.
Certains journaux ont écrit que la visite de Cousseran vise en fait à préparer le terrain à une tournée que pourrait entreprendre M. Kouchner à Damas et dans d’autres capitales de la région.

• Autre sujet important traité par la presse libanaise, les combats de Nahr el-Bared. Dans ce cadre, l’armée libanaise a déclaré que les islamistes de Fatah al-Islam ne contrôlaient plus que « quelques petites poches » dans le camp palestinien.
Des échanges de tirs, beaucoup plus espacés que les jours précédents, opposaient les combattants islamistes aux soldats, accompagnés de bombardements intermittents aux obus de chars sur les dernières positions tenues par le Fatah al-Islam.
« L’étau se resserre progressivement. L’armée continue à étendre la zone sous son contrôle », a déclaré l’armée, qui a ajouté que les combattants de Fatah al-Islam étaient désormais repliés dans « quelques petites poches » isolées les unes des autres.
Au total, 110 soldats ont été tués depuis le début des combats le 20 mai, selon un nouveau bilan de l’armée.
Mercredi, trois militaires ont été tués dans les combats et les corps de quatre autres soldats morts les jours précédents —certains dans des immeubles piégés—, ont été dégagés des ruines du camp.
Les islamistes ont de nouveau tiré mercredi dix roquettes-cinq au nord du camp et cinq au sud- qui se sont abattues à une distance de deux à trois kilomètres, sans faire de victime.
Ces tirs de roquettes sont devenus quotidiens depuis le départ de Nahr el-Bared, le 11 juillet, des combattants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui a probablement permis aux islamistes, selon des sources militaires, de s’emparer de stocks de munitions.
Ces combats, les plus meurtriers depuis la fin de la guerre civile au Liban en 1990, ont déjà fait au moins 200 morts.
Selon une source militaire sur le terrain, l’armée a récupéré ces derniers jours 35 corps d’islamistes tués et s’apprête à les transporter hors du camp.
Une source médicale à l’hôpital de Tripoli a par ailleurs affirmé que 39 cadavres de combattants islamistes avaient été entreposés dans la morgue de l’établissement depuis le 20 mai.

AD-DIYAR (PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le porte-parole de Fatah al-Islam, Abou Salim Taha, a nié tout lien entre sa formation et le meurtre de l’ancien ministre Pierre Gemayel (14-mars), assassiné le 21 novembre 2006 par des inconnus qui ont mitraillé son véhicule. Il a ajouté que Fatah al-Islam avait perdu 50 combattants à Nahr el-Bared, alors que 13 autres ont été blessés. Il a refusé de donner des informations sur le sort du chef du groupe, Shaker al-Absi et de son adjoint, Abou Hureira.

• Dans la région de Jezzine (50 kilomètres au sud-est de Beyrouth), une petite charge piégée a sauté et une autre a été désamorcée par l’armée libanaise. Cette région n’est pas très loin du camp palestinien d’Aïn el-Héloué, au des groupes intégristes sunnites (Jund al-Cham-Les soldats du Levant, et Osbat al-Ansar-La Ligue des partisans) sont bien implantés.

Audiovisuel libanais

NBN (PROCHE DU PRESIDENT DU PARLEMENT, NABIH BERRI-OPPOSITON)
Programme : L’autre dimension
Invité : Soleimane Frangié, ancien ministre et député (un des chefs chrétiens de l’opposition)
L’armée libanaise doit être consciente du piège qui lui a été tendue à Nahr el-Bared de la part du 14-mars.
Il n’y aura pas d’entente sur le nom du prochain président de la République libanaise.
L’idée d’élire un président provisoire pour une période de deux ans fait son chemin. La formation d’un deuxième gouvernement (par l’opposition) a été envisagée à un certain moment. Elle ne l’est plus aujourd’hui.

FTV (APPARTIENT A LA FAMILLE HARIRI)
Emission : L’échéance
Invité : Ahmad Fatfat, ministre de la Jeunesse et des Sports (14-mars)
Le fait que la rencontre de La Celle Saint-Cloud ait pu avoir lieu est déjà une réussite en soi.
L’opposition ne veut pas que le dialogue amorcé en France se poursuive ici à Beyrouth.
Certaines forces de l’opposition veulent faire en sorte que l’élection présidentielle n’ait pas lieu.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.