L’ambassadeur des États-Unis à Amsterdam, Clifford M. Sobel, se félicite des excellentes relations entre son pays et l’Union européenne. Contrairement à l’image que donne la presse, il existe une réelle collaboration entre les deux rives de l’Atlantique dans la lutte contre le terrorisme, dont John Ashcroft et Tom Ridge sont les fers de lance. Cette franche tribune est destinée à rassurer les lecteurs de l’International Herald Tribune et ne s’adresse évidemment pas aux opinion publiques européennes qui doivent ignorer le plus longtemps possible la trahison de leurs élites.

La représentante républicaine Ileana Ros-Lethinen célèbre dans un rare élan d’euphorie la renaissance du Moyen-Orient. Plusieurs États arabes, encouragés par le projet de George W. Bush pour le Grand Moyen-Orient, réalisent des réformes politiques et économiques qui offrent un avenir meilleur aux populations et désamorce le terrorisme, écrit-elle dans le Washington Times. Il s’agit-là d’un exemple parfait de « méthode Coué » : nous avons rapporté dans ces colonnes comment la définition du Grand Moyen-Orient correspond à des critères d’alliances politiques et non à des réalités humaines. Dès lors, observer que les alliés de Washington se conforment à sa volonté ne signifie nullement que, dans les États cités, la population devient maître de son destin, bien au contraire. Avec une certaine perversité intellectuelle, on considère au Capitole qu’un État devient démocratique lorsqu’il se soumet aux États-Unis.

Le député travailliste britannique, John Denham, qui avait quitté le gouvernement Blair pour protester contre l’agression contre l’Irak, demande dans le Guardian à son gouvernement de prendre des initiatives pour la paix en Palestine, d’autant que la décision de la Cour de justice de La Haye à propos du Mur ne peut rester sans conséquences. Selon lui, le temps est venu de créer enfin un État palestinien.
Même conclusion pour Reshef Chayne, président du Shinui. Il relève dans le Boston Globe que les Palestiniens sont devenus une menace stratégique pour Israël. Non qu’ils puissent vaincre militairement, mais parce qu’ils sont en train de transformer Israël en État-paria. Il plaide donc pour la reconnaissance d’un État palestinien, sans attendre de régler les problèmes de Jérusalem et des réfugiés.
Cependant, Michael Tarazi, avocat états-unien conseil de l’OLP, note dans le New York Times qu’il est trop tard. La politique d’évacuation de Gaza et de grignotage de la Cisjordanie empêche définitivement cette solution à deux États. La seule possibilité de paix qui reste est de s’inspirer du modèle sud-africain. En reconnaissant aux Palestiniens la citoyenneté israélienne pleine et entière, on réglerait tous les problèmes. Et cela n’impliquerait pas plus la fin de l’identité juive en Israël que l’abolition de l’Apartheid n’a marqué la fin de l’identité afrikaaner.

Enfin, l’historien Ze’ev Sternhell rend compte dans Ha’aretz du colloque auquel il a participé les 21 et 22 septembre à l’Assemblée nationale à Paris. Le Netanya College d’Israël et le Med Bridge Strategic Center (le lobby pro-israélien au parlement européen) avaient souhaité réunir à Paris des responsables politiques israéliens et européens pour débattre de leur avenir commun. Sternhell a observé le fossé culturel qui sépare les deux bords de la Méditerranée : les Européens abandonnent progressivement le principe des États-nations pour se regrouper dans une Union, tandis que les Israéliens et Palestiniens ne jurent que par les États-nations. En outre, s’il existe une alternative en Europe entre droite et gauche, il n’en est pas de même en Israël. Pour preuve, l’État hébreu est représenté à Paris par un ambassadeur qui est l’ancien secrétaire général du parti travailliste et qui soutient sans réserve la politique d’Ariel Sharon.