Ariel Sharon et ses conseillers ne se cachent plus vraiment pour affirmer que le désengagement de Gaza vise avant tout à garder le contrôle de la Cisjordanie et à écarter toute pression interne ou externe en faveur d’une solution politique différente. Sharon veut laisser les Palestiniens dans sept enclaves reliées entre elles par des autoroutes spéciales.
Tout ceux qui se promènent en Cisjordanie peuvent constater cet agenda secret en regardant à quelle vitesse se développent les colonies, y compris celle qui sont illégales. Une fois que ces habitations seront terminées, les colons en Cisjordanie verront leur population augmenter de 10 %. Malgré cela, le « camp de la paix » continue de soutenir le plan Sharon tout comme la communauté internationale. Ce faisant, ils adoptent la rhétorique de Sharon concernant l’absence de partenaire palestinien. C’est normal qu’il n’y ait pas de partenaire, tous ceux qui pourraient en être un sont méprisés par Sharon et il est de toute façon évident que nous ne trouverons personne pour discuter d’un plan créant sept enclaves palestinienne. Beaucoup de personnes respectables pensent sérieusement que le désengagement de Gaza créera une dynamique qui conduira à l’évacuation de la Cisjordanie. C’est ce que croit aussi l’extrême droite. Pourtant, cela ne serait possible que si Gaza était laissé aux mains d’un gouvernement palestinien responsable bénéficiant de l’aide internationale et pouvant servir de modèle positif pour la Cisjordanie dans le futur. Le modèle que prépare Sharon au contraire est une bande de Gaza en proie au chaos et assistée par des agences humanitaires tout en subissant la loi de bandes armées. Cela ne permet pas d’envisager une poursuite du processus en Cisjordanie.
Les partis qui veulent un processus politique avec les Palestiniens doivent présenter une alternative. Il faut choisir entre la fin de la guerre et la poursuite des colonies.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Sharon’s plan will perpetuate war », par Ephraim Sneh, Ha’aretz, 11 octobre 2004.