Trente-deux membres démocrates de la Chambre des Représentants ont saisi le président de la Commission fédérale de la communication, le républicain Michael Powell (fils de Colin), afin qu’il veille à ce que le Sinclair Broadcast Group, qui contrôle 62 chaînes de télévisions locales et finance massivement la campagne Bush, n’interfère pas sur l’élection présidentielle. Le premier opérateur de télévision états-unien a en effet annoncé la diffusion, vendredi, d’un réquisitoire anti-Kerry, Stolen Honor, dans lequel d’anciens prisonniers de guerre au Vietnam accusent le candidat démocrate de les avoir trahis et d’être indirectement responsable des tortures qu’ils subirent.
Hier, la firme a licencié le directeur de son bureau de Washington, Jon Lieberman, qui s’était indigné au nom de la rédaction du caractère biaisé et diffamatoire du programme ; puis a appelé les téléspectateurs à écrire au sénateur Kerry pour qu’il accepte de venir sur le plateau répondre à ses accusateurs à l’issue de la diffusion. La milliardaire démocrate Deborah Rappaport a alors annoncé qu’elle achèterait une heure d’antenne au tarif publicitaire pour diffuser un programme pro-Kerry sur les ondes de Sinclair. Dans la soirée, le Groupe Sinclair renonçait à une diffusion intégrale de Stolen Honor, tandis qu’on apprenait que ses dirigeants faisaient l’objet d’un chantage, via l’avocat démocrate William S. Lerach, dans une affaire de délit d’initié.