Une ère prend fin au Moyen-Orient avec la disparition d’Arafat, une icône pour les Palestiniens depuis les années 60, un homme qui a donné une visibilité à leur lutte, qui a empêché les pays arabes d’instrumentaliser leur combat pour leur propres objectifs et qui a défié les États-Unis et Israël. C’était l’homme qui avait créé au moins un semblant d’unité chez les Palestiniens. En fait, Arafat a été plus efficace comme symbole que comme dirigeant.
Même ceux qui le critiquent reconnaissent qu’il va y avoir un vide sans lui car il était une figure d’autorité. Même s’il avait peu fait pour empêcher le chaos à Gaza et en Cisjordanie, il aurait été l’homme capable de le faire. Sa disparition va laisser un vide qui donnera naissance à une lutte de succession dans le Fatah lui-même et entre le Fatah et le Hamas. Il pourrait y avoir un accord pour empêcher des affrontements, mais cela n’empêchera pas une vacance du pouvoir. Il n’y aura personne capable d’ordonner un cessez-le-feu pendant le retrait de Gaza.
La seule façon de combler ce vide est un vote populaire en plus d’une négociation entre factions. Arafat avait freiné l’organisation d’élections pour éviter l’émergence d’une nouvelle génération de réformateur. Aujourd’hui, l’organisation d’élections permettra de mettre en place un dialogue entre Israélien et Palestinien qui pourra peut-être s’étendre au delà.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« After Arafat, What ? », par Dennis Ross, Washington Post, 5 novembre 2004.
Sur le même thème, l’auteur a écrit un autre texte où il reprend les mêmes arguments sur un ton plus proche de l’oraison funèbre dans le Los Angeles Times, le 7 novembre 2004 : « The Man Who Married a Cause ».