Cela fait plusieurs années que la France ne joue plus aucun rôle dans le conflit israélo-palestinien, mais les déclarations de Jacques Chirac après la mort de Yasser Arafat montrent que Paris n’est pas décidé à abandonner.
Michel Barnier a présenté l’accueil d’Arafat en France comme un acte humanitaire, mais traiter le leader palestinien avec respect fait aussi partie de la politique de la France dans la région depuis 40 ans. Celle-ci consiste à reconnaître Israël tout en ayant des relations étroites avec les Palestiniens et en soutenant la construction de leur État. La France était un acteur traditionnel dans la region, mais elle a été écartée du processus de paix israélo-palestinien par Israël et les États-Unis car elle était jugée trop pro-arabe.
La France a été le premier pays à reconnaître une ambassade de facto de l’OLP à Paris. Le geste de Chirac à l’égard d’Arafat à la fin de sa vie, en le traitant comme un chef d’État, a été apprécié en France mais, plus important encore, aussi dans le monde arabe. Toutefois, comment Jacques Chirac peut-il s’imposer dans les négociations malgré l’opposition de George W. Bush et d’Ariel Sharon ? En fait, Chirac se tient prêt au cas où les États-Unis comprendraient qu’ils ne peuvent plus agir seul dans ce conflit et que leurs positions trop pro-israéliennes les obligent à inviter un pays pro-arabe. Déjà, en accueillant Arafat à Paris, Chirac a rendu un service à Israël et aux États-Unis en empêchant un déchaînement de violence s’il était mort à Ramallah. Ce faisant, la France a aussi rendu un service aux modérés de l’OLP.

Source
International Herald Tribune (France)
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« After Arafat I : In the Mideast, France stands and waits », par Catherine Field, International Herald Tribune, 24 novembre 2004.