M. le Premier ministre,
Le fait que le Yahad, que j’ai l’honneur de présider, va sauver votre gouvernement aujourd’hui en ne votant pas une motion de censure m’empêche de dormir la nuit. Nous n’avons pas un iota de confiance en vous. Nous nous souvenons de votre guerre inutile contre le Liban, de vos provocations au Mont du Temple qui ont contribué au déclenchement de l’Intifada. Sous votre gouvernement, le fossé entre riches et pauvres est devenu l’un des plus grands de toutes les démocraties occidentales. Vous avez tenu des discours sur la compassion, tout en laissant Benjamin Netanyahu baisser les impôts des riches et les allocations pour les plus pauvres.
Le désengagement de Gaza, la raison pour laquelle nous ne vous faisons pas tomber aujourd’hui, ne nous réjouit pourtant pas. Nous savons que votre conseiller, Dov Weisglass, disait la vérité et que vous voulez garder la Cisjordanie tout en faisant cesser les critiques internationales et en continuant votre politique d’extension des colonies et d’assassinats ciblés. Malgré tout, nous pensons que ce désengagement peut lancer un processus et créer un précédent pour l’avenir et nous allons le soutenir. Ne comptez pas sur nous pour autant pour rejoindre votre coalition. Nous croyons en notre capacité à détourner votre plan pour le faire correspondre à l’initiative de Genève.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Today we are saving you, Mr. Sharon », par Yossi Beilin, Ha’aretz, 29 novembre 2004.