La volonté états-unienne d’organiser des élections en, Irak à la fin janvier 2005 est motivée entre autres par la croyance que ces élections seront un palliatif à l’instabilité chronique du pays. On a, derrière cette politique, la conviction que les chiites et les Kurdes participeront massivement à cette élection et que, dès lors, le gouvernement qui en émergera aura le soutien de 75 % de la population. Cependant, la logique des États-Unis est erronée et mener des élections en se fondant sur cette optique peut conduire à plus d’instabilité.
Le problème évident est que les États-Unis continuent à voir l’Irak via le prisme ethnique et sectaire, une vision soutenue par les exilés irakiens. Les responsables états-uniens remettent rarement en cause les idées de ces exilés et leurs objectifs. En fait, 40 % de la population irakienne pense que l’absence de « vrais » partis politiques va nuire à l’élection. En effet, un grand nombre, si ce n’est une majorité d’Irakiens, restent laïcs et nationalistes et ils s’opposent aux objectifs sectaires ou ethnique. Il est donc possible qu’il y ait une large abstention.
Le boycott de la conférence nationale d’août par les groupes nationalistes et islamistes sunnites offre un sombre précédent et même un boycott limité à ces seuls groupes serait dangereux. Si l’objectif est la stabilité à long terme, il faut que tous participent car le gouvernement de transition aura pour tâche principale la rédaction d’une constitution que les groupes s’étant abstenus ne reconnaîtront jamais. Iyad Allaoui l’a compris et il cherche à les rallier. Le succès en Irak dépend de la réussite dans cet exercice.

Source
Daily Star (Liban)

« Delay elections if division is the upshot », par Raad Alkadiri, Daily Star, 29 novembre 2004.