Le Tribunal spécial pour le Liban a tenu aujourd’hui, 29 avril 2009, audience publique à Leidschendam (banlieue de La Haye, Pays-Bas). À 12h GMT, le juge de la mise en état, Daniel Fransen, a lu une décision, retransmise en direct par de nombreuses chaînes de télévision proche-orientales.

Il a ordonné la remise immédiate en liberté des quatre prévenus :
 Moustafa Hamdane (ex-chef de la garde présidentielle)
 Jamil Sayyed (ex-directeur général de la Sûreté générale)
 Ali Hajj (ex-chef des Forces de sécurité intérieure)
 Raymond Azar (ancien chef du renseignement militaire).

Ceux-ci étaient détenus, depuis août 2005, à la demande du chef de la mission d’enquête de l’ONU Detlev Mehlis. Ils étaient accusés d’avoir participé à l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, mort dans un attentat à Beyrouth le 14 février 2005. M. Mehlis avait assuré détenir des témoignages et des preuves convergentes pour accuser les prévenus. Leur arrestation avait été présentée comme le premier pas vers celle de leur supérieur hiérarchique, le président de la République du Liban à l’époque des faits, Émile Lahoud, et vers celle du supposé commanditaire, le président de la République arabe syrienne, Bachar el-Assad.

La décision de mise en détention avait été violemment critiquée par la Commission des droits de l’homme de l’ONU, qui l’avait qualifiée d’« arbitraire », le 30 novembre 2007. Les éléments réunis par M. Mehlis avaient été progressivement invalidés et la détention des généraux apparaissait n’être qu’une manœuvre politique dans le cadre de l’affrontement entre les États-Unis et la Syrie.

La mise en liberté a été demandée par le juge Daniel Bellemare, qui préside le tribunal après avoir succédé à Detlev Mehlis à la tête de la mission d’enquête de l’ONU.

Ce revirement, annoncé depuis deux mois dans ces colonnes, clôt de facto la piste syrienne et l’utilisation politique qui avait été prévue de cette juridiction.