George W. Bush a fait part lors de son second discours inaugural d’une ambitieuse vision pour le développement de la liberté dans le monde, alimentant les spéculations mondiales sur le cours de la politique étrangère américaine pour les quatre prochaines années. Les idées exprimées par Bush méritent en effet une grande attention.
Bush déclare rechercher le développement des mouvements et des institutions démocratiques partout dans le monde avec comme objectif final la fin de la tyrannie dans le monde. Il déclare que cet objectif n’est pas la tâche des armes, qu’on ne peut pas forcer un peuple à être libre et que la liberté s’exprime différemment selon les pays mais que nous devons aider les autres pays à suivre leur voie. Je suis d’accord avec ces objectifs et j’ai consacré beaucoup de mon temps et de ma fortune à cela. Pourtant, je m’oppose à l’administration Bush car il existe un gouffre entre les mots et les faits et que nous assistons en réalité à un exercice de double langage orwellien.
Bush a utilisé la guerre au terrorisme pour envahir l’Irak et à cause de cela beaucoup interprètent une phrase comme « la liberté prévaudra » ainsi : « les États-Unis prévaudront », car les États-Unis n’ont plus aucune autorité morale. Quand les États-Unis soutiennent les étudiants iraniens qui se battent pour la liberté, ils les mettent en danger. Le problème est que Bush ne reconnaît pas que dans une société ouverte, personne ne possède la vérité ultime. Bush pense que sa réélection valide sa vision tordue du monde et c’est précisément cette absence d’autocritique qui nous a menés au bourbier irakien.
Dans une société ouverte, il faut faire la distinction entre la promotion de la liberté et la promotion des valeurs états-uniennes. Si c’est la liberté et la démocratie qu’on veut établir, on ne peut le faire qu’au travers des institutions internationales. Les interventions dans les affaires d’un pays peuvent être légitimes mais via des règles clairement établies. Les États-Unis doivent diriger ou participer à une coopération internationale, seul moyen d’atteindre ces objectifs.

Source
Jordan Times (Jordanie)
Daily Star (Liban)
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.
Taipei Times (Taïwan)
La Libre Belgique (Belgique)

« Bush got the words right, but now he should heed his lessons », par George Soros, Taipei Times, 27 janvier 2005.
« The new Bush doctrine », Jordan Times, 27 janvier 2005.
« Bush must embrace the values of open societies », Daily Star, 1er février 2005.
« La nouvelle « doctrine Bush » », Le Figaro, 2 février 2005.
« La nouvelle doctrine Bush », La Libre Belgique, 7 février 2005.