George W. Bush et Tony Blair ont bien vite présenté comme un triomphe l’élection en Irak alors qu’ils auraient été les premiers à la dénoncer si cette élection avait eu lieu dans les mêmes conditions au Zimbabwe ou en Syrie. Les mesures de sécurité draconiennes ont fait ressembler les villes d’Irak à des villes fantômes, les procédures de vote sont si compliquées que Jalal Talabani lui-même a dû se les faire expliquer, la plupart des candidats avaient peur d’apparaître en public ou étaient juste des noms sans visages associés.
Les millions d’Irakiens et de membres de l’ONU qui ont participé à cette élection méritent notre respect, mais ils ont pris des risques pour rien. C’est une élection illégitime qui ne règlera rien à la détérioration de la situation et qui vise avant toute chose à diminuer le poids des sunnites en Irak. Le seul moyen de mettre fin à la destruction de l’Irak et d’en finir avec l’occupation et de rendre une part du pouvoir aux sunnites qui ont été systématiquement écartés des instances dirigeantes.
Le vrai objectif de la guerre étant le contrôle du pétrole irakien et l’installation de bases militaires dans cette région stratégique, il ne peut y avoir de vraie démocratie en Irak puisqu’il faut mettre en place des dirigeants acceptant les objectifs de l’administration Bush. Aucun Irakiens, même ceux qui bénéficient de la présence états-unienne, ne voit les États-Unis comme un promoteur de la démocratie et des Droits de l’homme. Toutes les tentatives des États-Unis pour disposer d’une légitimité dans le pays sont vouées à l’échec et provoqueront un retour de flamme car chaque fois qu’ils ont affirmé vouloir collaborer avec l’ONU, ils ont fini par imposer leurs décisions.
Les États-Unis ont peu de soutiens en Irak, hormis celui d’Ali Sistani favorable à une occupation que ses partisans haïssent mais qui sert son contrôle sectaire.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« An election to anoint an occupation », par Salim Lone, The Guardian, 31 janvier 2005.